20000 mots !

J’ai souvenir d’avoir tenté d’écrire de la fiction depuis que je suis gamine. Quand j’étais à l’école et au collège, j’avais un faible en cours de français pour les rédactions, je trouvais ça marrant. (La grammaire me faisait chier, c’était trop facile. Depuis j’ai appris que c’était pas si facile que ça, en fait.) Je me souviens avec assez de précision d’un machin de quelques pages que j’avais écrit en voyant « ma » plage recouverte d’algues (c’était une année à algues), et où j’avais décidé qu’en fait c’étaient des aliens qui s’étaient écrabouillés sur la plage ; le gamin qui avait décidé de refaire un tas d’algues finissait assez mal. C’était assez affreux comme histoire, à la réflexion 🙂

Quand je suis arrivée au lycée, on a décidé pour moi que c’était bien gentil toutes ces conneries, mais non, les rédactions, yen aurait plus, à la place on ferait des disserts et ça serait bien aussi. Je me souviens avoir été un peu déçue. J’ai quand même écrit quelques conneries par ci par là ; pas beaucoup de souvenirs, à part une visite de mon lycée vu par, encore une fois, un alien qui s’était paumé là. Je crois que je l’avais publié dans le journal dudit lycée, dont j’étais par ailleurs l’instigatrice, maquettiste et rédac’chef, pratique. Pour une raison qui m’échappe un peu, j’associe fortement ce machin là à Pardon, vous n’avez pas vu ma planète ? de Bob Ottum, que j’ai beaucoup lu (et qu’il faudrait d’ailleurs que je relise à l’occasion, ça fait longtemps).

Pas grand chose pendant les années qui ont suivi ; j’ai pas mal écrit, mais peu de fiction ; une centaine de pages d’une thèse jamais soutenue, et pas mal de technique. Quand j’y réfléchis, je suis auteur publié, ce qui est quand même super chouette ; j’ai un peu du mal à m’en vanter, justement parce que c’est du technique. (Ce qui est un peu bizarre, mais admettons).

Et puis, il y a quelques années, je suis tombée sur le site du NaNoWriMo. Le but du jeu : un mois (le mois de novembre), et réussir à sortir 50000 mots sur le mois en question. J’ai tenté le coup trois, quatre fois, sans succès vraiment jusqu’à présent ; j’ai quand même rencontré des gens rigolos qu’on revoit tous les ans sur le canal IRC du Nano francophone, donc c’est plutôt cool. La communauté francophone du NaNo est assez géniale d’ailleurs, on rigole bien, et il y a une saine émulation avec les word wars (15 minutes, celui qui pond le plus de mots a « gagné », et tout le monde gagne parce que tout le monde ajoute à son compte de mots) .

Et puis en ce moment, c’est le Camp NaNoWriMo ; la même chose, mais en août (et en juin). Je me suis inscrite sur un coup de tête à la toute fin juillet, en sachant que je ne pourrais en gros pas faire grand chose avant le 7 août (Grèce + préparation d’exams, ça fait beaucoup), ce qui me mettrait dans un retard non négligeable par rapport à l’objectif de 50000 mots. Du coup, je me suis laissée la semaine pour essayer de trouver une idée à la noix ; l’idée à la noix est venue en discutant avec Pierre d’un tout autre sujet, et j’ai fini par me retrouver avec… un titre, qui avait au moins le mérite de me faire rire : « Le Guide du Hipster Galactique ». Je suis partie là-dessus ; j’ai des héros qui sont enquêteurs/rédacteurs de « guide du hipster galactique » (des guides touristiques à destination des hipsters, quoi) (en édition limitée, évidemment), une série de meurtres, et j’ai même un meurtrier. Enfin je sais qui c’est, quoi. Et je viens juste de passer la barre des 20000 mots (et un peu plus de 120000 signes) ; je suis encore loin des 50000, mais c’est deux fois plus que ce que j’ai jamais fait en NaNo, donc c’est plutôt positif. Si j’exporte en PDF ce que j’ai, j’arrive à une cinquantaine de pages.

Je crois qu’il y a plusieurs différences par rapport aux années précédentes. La première est assez évidente : je suis actuellement en vacances, j’ai plus d’exams, je n’ai plus rien de prévu jusqu’au 17 septembre, et je n’ai donc que ça à faire de mes journées. (Bon, ça et jouer à Bejeweled Blitz, apparemment.)

Deuxièmement, c’est peut-être aussi un problème d’adaptation à l’exercice. Le but du jeu n’est pas de faire 50000 mots « corrects » ni même « potables », mais juste… 50000 mots. Et du coup, c’est un rythme à prendre. C’est aussi réussir à dire « OH MAIS TA GUEULE » au correcteur interne qui trouve vraiment que ton style est dégueulasse, que t’as fait une typo là (bon, j’avoue, je corrige les typos quand je les vois), que tu as une incohérence mineure (ou majeure d’ailleurs) avec un truc précédent. Je grimace à chaque fois que je relis un paragraphe pour savoir où j’en étais ; je m’oblige à continuer quand même. Je tire à la ligne, j’utilise des anglicismes dégueulasses parce que le mot français ne me vient pas immédiatement, j’ai probablement un texte bourré d’incohérences, d’expositions lourdingues, de typos, d’erreurs et de XXX quand je ne me souviens plus du nom de mes personnages. C’est fou ce que mes persos peuvent passer comme temps à bouffer aussi, et à décrire ce qu’ils bouffent. (Parce que ça m’amuse). Tant pis, je suis pas là pour faire un truc lisible, je suis là pour écrire le premier jet (et probablement dernier jet, parce que ça en restera probablement là) d’une histoire qui ait un minimum de corps. Pour me prouver que je peux le faire. Pour me démontrer que non, je ne manque pas absolument et complètement d’imagination, puisque les choses me viennent, tout de même. (J’ai toujours l’impression que 95% des gens ont plus d’imagination que moi. Je crois que c’est pas vrai. Par contre, c’est possible que j’aie besoin d’infuser plus longtemps.) C’est pas d’une originalité folle, c’est blindé de clichés à deux balles cinquante, mais on s’en fout.

Troisième élément, j’ai pour une fois utilisé un univers de SF. Les années précédentes, j’avais pris peur, j’étais restée très plan-plan dans un univers « Europe du début du XXIe siècle » et j’avais commencé à écrire sur des thèmes qui me touchent, mais en prenant les choses beaucoup trop au sérieux sans doute. Du coup, je me suis fait chier, rapidement. J’en étais restée à ce stade là parce que j’avais peur d’arriver à rien, que ça soit trop de boulot d’avoir un univers qui se tienne, alors que finalement, avoir un univers à décrire, ça permet aussi de tirer à la ligne. Et de pas se faire chier. Alors je sais très bien que 90% de mes morceaux d’univers (et de mes descriptions de repas 🙂 ) finiraient/finiront à la trappe si je me décide à reprendre cet espèce de machin pour tenter d’en faire un truc vaguement lisible, mais ça me permet, à moi, de m’amuser un peu. Et finalement, je construis ça au fur et à mesure que j’avance, un peu comme je fais la connaissance de mes personnages au fur et à mesure que j’avance, et ça se passe pas plus mal.

Quatrième élément, plus anecdotique probablement, j’utilise pour la première fois Scrivener (qui a une version bêta sous Linux qui fonctionne au moins suffisamment décemment), qui permet à la fois d’avoir des petites fiches, de réordonner des morceaux de texte, de taper du texte au kilomètre dans un éditeur « distraction-free » (un truc où seule la page s’affiche en plein écran, pas de menu, pas de zigouigouis pour faire de la mise en page, juste un bidule pour taper du texte au kilomètre) ; bref, c’est pas mal fichu et je pense que c’est fait pour s’adapter à pas mal de workflows… dont le mien.

Bon, et sur ce, j’ai encore 30000 mots à sortir avant le 31 août, idéalement 😉

Grèce – première partie

Nous sommes à Athènes depuis hier après-midi ; je crois que je peux en profiter pour raconter quelques trucs !

Le vol depuis Zürich a été sans histoire ; arrivée à Athènes, récupération du barda, et nous voilà partis pour le métro. On passe dehors l’espace d’un instant à l’aéroport pour aller chercher le métro : premières craintes validées, il fait CHAUD. On réussit à prendre des tickets de métro et à prendre le métro, formidable. Dans le métro, je m’amuse à tenter de déchiffrer les affichages. Le fait d’avoir fait des maths récemment aide beaucoup, je sais au moins que le machin qui ressemble à un P, c’est pas un P. J’ai plus de mal à piger que le H, c’est un eta majuscule. Le déchiffrage phonétique permet de comprendre une quantité étonnante de mots. C’est pas pour ça qu’on comprend ce qu’il est écrit ou ce qu’il se dit, mais c’est marrant. Le concept de déchiffrer, aussi, est en soi amusant 🙂 (Il paraît que j’ai des amusements bizarres.)

On arrive à la bonne station de métro, on trouve l’hôtel qui est à 300m – sous ce soleil et avec les valises, c’est 300 longs mètres 😛 Arrivés dans la chambre, on a vérifié que la clim et le wifi marchaient, et on a établi que les cigales dans le coin elles étaient balèzes (on les entend BIEN avec la fenêtre fermée). On lose un peu pendant une heure, et on décide d’aller se balader un peu, avec dans l’objectif de retrouver Guillaume et Elli pour la soirée vers 19h. On est passés devant le Parlement et les deux gardes impassibles sous leur petit auvent (on a mal pour eux, vraiment). On est accidentellement tombés devant l’Olympiéion ; le site lui-même était fermé (parce que ça ferme à 15h), mais on a quand même vu de loin, ça a l’air impressionnant. On s’est aussi promenés dans les parcs aux alentours ; on est aussi tombés par hasard sur le Zappéion, et on a vu plein de palmiers.

Le soir, on a réussi à trouver Elli et Guillaume – non sans mal, étant donné que le trolley et le métro ont tous les deux un arrêt Chalandri et qu’ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre (c’était de notre faute, on a voulu faire les malins, et on est tombés dans le ravin). Comme apparemment le dîner dans le coin, c’est tard, on a commencé par aller boire un café (café frappé pour moi (c’est très bon) et un cappuccino freddo pour Pierre, qui a donc bu un truc à base de café 😉 – c’est pas mal non plus, à ce que j’ai goûté, va falloir vérifier à l’occasion. Pis après on a été boire l’apéro, et après vers 22h on a été manger. On a d’ailleurs super bien mangé – ptêt un peu trop – et on en a profité pour tester une autre spécialité locale, le tsipouro – c’est un peu bizarre de boire ce genre de choses en mangeant, mais ça passe bien, en fait (surtout avec des glaçons). On a réussi à attraper un bus à minuit pour rentrer à l’hôtel, et voilà, fin de la journée.

Je peux pas dire que la nuit fut particulièrement bonne ; j’ai eu l’idée géniale (NOT) de dire « boah, on a ptêt pas besoin de la clim pour dormir, ça fait du bruit en plus, il fait frais là, ça va pas chauffer tant que ça, il fait nuit ». Erreur. Je me suis réveillée à… je sais pas trop, yavait eu une panne de courant, le réveil clignotait, il faisait CHAUD et SOIF, pas moyen de me rendormir comme ça, j’ai rallumé la clim. Après ça a été mieux.

Ce matin on s’est levés relativement tard (‘fin vers 9h quoi), on a été petit déjeuner – le buffet de l’hôtel est globalement pas mal, mais les œufs brouillés et le bacon sont décevants – et on s’est mis en route. Premier arrêt, le marché central d’Athènes : hallucinant. Deux rangées énormes de bouchers, une rangée de poissonniers ; les bouchers sont derrière en train de détailler la viande, ya des carcasses entières un peu partout, c’est assez hallucinant. Tu sais clairement que ton bout de viande, il vient d’un animal. Idem pour les poissonniers – des mètres et des mètres d’étal, du poisson qui a l’air il faut le dire tip top, des petits poissons, des gros poissons, des poulpes, des raies, des calamars… Assez fou. Et dans tout ce joyeux bordel, chacun fait l’article pour son propre étalage – honnêtement, si j’y allais pour faire mes courses, je sais pas bien comment je choisirais !

Deuxième arrêt, plus pragmatique – une boutique Vodafone où on s’est délestés de 5€ pour avoir une carte SIM. Activation sous deux heures avant de pouvoir envisager de mettre du data dessus, ce qu’on a fait quelques heures plus tard (on a donc 500Mo de data pour 5€ de plus, soit 10€ en tout en comptant la SIM – pratique.) Troisième arrêt, on a trouvé un truc impossible à trouver : un plan des transports athéniens ! Le plan de métro est relativement courant ; les bus, trolleys et tramways on commençait à penser que ça allait pas être possible. Et puis si, grâce au guide de voyage et à Pierre qui l’a épluché, on a trouvé l’endroit dans la ville qui avait ce genre de choses. Ça a d’ailleurs été assez épique, c’est un plan en 6 parties (qui couvrent différentes parties de l’agglomération) et on s’est baladés dans 3 bâtiments différents pour trouver les 6 morceaux ! Mais, bon, on a un plan de transports avec tout dessus.

Quatrième arrêt, le musée national archéologique. Très chouette, grande collection bien mise en valeur, on a pas TOUT vu parce que je fatigue très vite dans les musées, mais on en a vu une bonne partie tout de même. On a tous les deux particulièrement bien aimé la description de la fabrication des statues en bronze à grands coups de moules et de cire perdue, c’était très cool 🙂

En sortant du musée, on a été chercher un endroit pour manger ; on a fini dans un endroit visiblement très « endroit à touriste » mais où on a plutôt bien mangé. La viande grillée, visiblement, ils savent faire. On a pris quelques fous-rire en voyant un type se trimbaler des charrettes énormes de pastèques – on se demandait s’il faisait le tour du pâté de maison avec ses pastèques ou si c’étaient des pastèques différentes à chaque passage 😉 On a fait ensuite un micro tour des rues commerçantes aux environs avant de rentrer à l’hôtel. Ce soir il va encore falloir trouver où et quoi dîner… un challenge sans cesse renouvelé 😉

Si la flemme ne me vainc pas, à bientôt pour de nouvelles aventures athéniennes !

Les DRM sur les e-books, ça craint. (Et d’autres trucs aussi)

Je lisais ce matin un billet intitulé « DRM or not DRM ? Telle est la question » qui traite de la question des DRM sur les e-books. L’auteur, Cécile Chabot, a préfixé son post Google+ d’un « Et vous, vous êtes pour ou vous êtes contre les DRM sur les ebooks? » auquel j’ai commencé à répondre sur G+, et puis en voyant la taille de la tartine, je me suis dit qu’elle serait aussi bien ici.

En gros comme en détail, je suis contre. Pour une seule raison, essentiellement : ça ne change rien en ce qui concerne la diffusion sur des sites de téléchargement, et ça a un potentiel d’emmerdes énormes pour l’acheteur légal. (J’ai le même genre d’argument sur les portillons du métro qui n’empêchent pas les gens de sauter au-dessus mais qui sont une plaie dès qu’on transporte plus qu’un petit sac à dos.)

Le postulat de base, c’est qu’à partir du moment où un machin (e-book, musique, vidéo) existe sous forme numérique, avec ou sans DRM, on peut considérer qu’il est disponible gratuitement sans DRM quelque part. La plupart des DRM se cassent ; il y même, selon toute probabilité, des applis qui rendent les choses très faciles. Et à partir du moment où le DRM est cassé une fois sur un fichier, ben c’est plus nécessaire de le casser sur d’autres – il suffit de copier le fichier non protégé. Le fait que la source originale soit protégée ou non n’a donc a priori aucun impact sur ça. (Il y a des DRM plus ou moins faciles à casser, mais globalement… ce n’est qu’une question de temps.)

Cécile parle de la question du prêt et de perte de possession – c’est vrai, et j’avoue que je n’avais pas encore vraiment vu les choses sous cet angle (mais je prête et j’emprunte assez peu de bouquins). Je voudrais mitiger ça par deux points. D’une part, en général, quand je veux prêter un bouquin, c’est que je viens de le lire, et que donc je vais pas le relire tout de suite. Donc, qu’il soit dans ma bibliothèque ou dans la bibliothèque de ma copine (ou les deux), je m’en fous un peu. D’autre part, la dernière fois que j’ai envisagé de vouloir prêter un e-book, c’était… à mon époux. Il se trouve qu’on vit ensemble, qu’on fait bibliothèque commune, et que oui, il arrive occasionnellement qu’on lise le même bouquin au même moment. Pour le coup, le fait de pouvoir avoir une copie sur deux e-readers du foyer (on utilise l’appli Kindle sur nos téléphones, principalement) me paraîtrait pas complètement délirant. Sauf qu’évidemment, dans l’état actuel des choses, c’est impossible à gérer de façon simple. Alors ouais, on pourrait faire compte Kindle commun, il y a moyen d’avoir plusieurs appareils associés au même compte, très bien. Sauf que d’une part, j’avoue que je n’ai pas vérifié, mais je suis à peu près sûre que c’est pas un cas autorisé par les conditions de vente Amazon. (Et pour le coup, imaginerait-on un libraire demander combien de personnes habitent chez moi et me vendre 4 exemplaires de n’importe quel bouquin que j’achète au cas où mon mari et mes gosses veuillent le lire ?) Et d’autre part, là ça va, c’est mon époux, mais si j’envisageais que ce soit un compte « familial » avec mes (hypothétiques) gosses par exemple, je tiendrais hypothétiquement pas nécessairement à ce que mes enfants aient accès à toutes mes lectures. Donc ça pose d’autres problèmes aussi.

Les DRM posent aussi évidemment le problème de l’interopérabilité. Avec un e-book sans DRM, je peux le convertir en 12 formats différents si ça me chante, le mettre sur ma vieille liseuse antédiluvienne qui bouffe que des formats pas classiques, le mettre à la fois sur mon téléphone, ma liseuse, ma tablette, mon laptop et mon ordinateur sans me poser plus de questions que ça, et faire ce que je veux avec, suivant ce qui est plus pratique pour moi à un instant t. Si ça me chante je peux aussi le mettre dans un machin de synthèse vocale et écouter le bouquin plutôt que le lire. (Certains bouquins Kindle offrent la possibilité, mais le DRM Amazon permet d’autoriser ou de bloquer cette possibilité). On me dira que ce sont des choses que seules l’édition numérique me permet de toute façon et qu’un bouquin papier ne me poserait pas ce genre de problèmes et ne m’offrirait pas ces opportunités. Mais bon, on a l’énorme chance de pouvoir faire ces choses – pourquoi s’en priver pour des raisons discutables ?

Cécile pose la question du « consensus social » et dit que « Fondamentalement, je crois que sur cette question, le droit ou la technique seront de faible secours mais que l’éthique et la créativité  pourraient aider. » Je suis d’accord sur le fait que le droit et la technique montrent leurs limites (les majors du disque envisagent de commencer à s’en rendre compte). Alors l’éthique et la créativité en tant qu’alternative, je dis plutôt oui. Mais j’espère juste que ça ne sera pas limité à une seule direction (i.e. moi, en tant que gentil consommateur, je m’engage à acheter (louer ?) mon contenu par les moyens légaux mis à ma disposition et à racheter mon contenu sous toutes les formes qui pourraient m’être utiles parce que je peux pas transformer la forme sous laquelle je l’ai acheté), mais dans les deux sens (i.e. je m’engage à acheter mon contenu par les moyens légaux mis à ma disposition, mais vous êtes gentils, vous me faites pas chier avec vos protections à la noix, et vous m’autorisez à acheter ledit contenu).

Je signale le dernier point sur le « vous m’autorisez à acheter ledit contenu » parce que, en-dehors même de la question des DRM, l’accès au contenu est, encore une fois et pour des raisons qui m’aberrent profondément, toujours un problème. J’ai beaucoup entendu parler, ces derniers temps, de la série du Protectorat de l’Ombrelle de Gail Carriger. Je me suis dit « tiens, ça a l’air pas mal, pourquoi pas ». Je regarde la VO, pas de version Kindle disponible. Bon, la version numérique n’existe apparemment pas, admettons, ça arrive. Sybille me signale que la VF est dispo en version Kindle. Chouette, me dis-je en mon for intérieur. Je me rends alors compte que la VF est dispo en version Kindle… si je ne suis pas connectée sur Amazon. Parce que sinon, il se rend compte que j’habite en Suisse, et donc il veut pas me le vendre. C’est pas la première fois que ce genre de gag m’arrive ; d’habitude c’était plutôt entre les US et l’Europe, mais visiblement entre la France et la Suisse ça marche aussi. Enfin ça marche pas. Enfin bref. L’offre existe, on veut juste pas me la vendre parce que j’habite du mauvais côté d’une frontière. (Alors qu’acheter le bouquin papier via le même Amazon ne poserait aucun problème !) (Oui, je sais, j’ai qu’à faire ça.). Je ne sais pas qui est à blâmer, et je m’en fous un peu. Mais les restrictions géographiques sur la vente de contenu numérique sont pour moi encore pires que les DRM. Un DRM m’empêche de faire ce que je veux avec ce que j’achète ; une restriction géographique m’empêche d’acheter légalement ce que je veux acheter. Et vous savez quoi ? Quand on peut pas acheter un truc, ben ça fait des ventes en moins. Fou non ?

Les majors de la musique ont finalement visiblement compris que les DRM c’était pas une bonne idée, et une grosse partie des catalogues (iTunes et Amazon en particulier) sont libres de DRM. J’achète une quantité non nulle de musique en MP3 sur Amazon d’ailleurs, c’est pratique, c’est bien indexé, je clique et ça downloade (ou à peu près, c’est un demi-poil plus sioux que ça sous Linux mais guère), c’est du MP3 propre, nommé correctement et taggé correctement ; c’est pas de la GRANDE qualité de MP3 (et encore moins du FLAC), mais je m’en fous, entre les enceintes de mon PC et mes oreilles défaillantes, c’est pas comme si je pouvais faire la différence de toute façon.

J’espère que les éditeurs d’e-books mettront moins longtemps que lesdits majors à se débarrasser des DRM. Ça paraît sur la bonne voie – Tor (un des gros éditeurs de SF/Fantasy aux US) a annoncé récemment qu’ils se débarrassaient des DRM ; O’Reilly n’a, à ma connaissance, jamais eu de DRM sur leurs livres numériques ET proposent plusieurs formats pour chaque bouquin (et, là encore, le fait que l’achat soit simple et pas relou m’incite fortement à acheter chez eux – j’ai une quantité de machins à lire assez improbable).

J’espère aussi que les créateurs de contenus de tous poils (musique, livres, vidéos) se rendront aussi un jour compte que les restrictions géographiques, c’est complètement con. C’était déjà complètement con sur le zonage des DVD ; sur le contenu téléchargeable ça pousse à la stupidité la plus délirante. Ne pas proposer à la vente légale un truc qui (voir postulat de base en début de billet) est de toute façon disponible par d’autres biais, et se plaindre de ses ventes ? Ya que moi que ça choque ? Je suis incapable de ne pas m’énerver sur le sujet, c’est un de mes thèmes d’agacement favoris, donc je vais arrêter là ma diatribe qui ne servira de toute façon qu’à convaincre les convaincus 😉

#balisebooks – Hypérion – Dan Simmons

Post original :
https://plus.google.com/106223694077555758612/posts/ZLKaiiP88tw

J’ai fini Hypérion, de Dan Simmons, il y a deux ou trois jours, et j’ai un peu procrastiné avant d’écrire ce billet parce que… je savais pas trop quoi écrire.

Je l’avais lu il y a quelques années, mais, pour une raison ou une autre, il ne m’avait pas laissé de souvenir impérissable à l’époque; je me souvenais de quelques trucs, mais il m’a beaucoup plus captivée cette fois ci. Je suppose que certaines périodes sont plus adaptées à certains bouquins. Et qu’Hypérion fait partie de ces bouquins, parce qu’il est tout de même très particulier.

C’est l’histoire d’un petit groupe de gens qui ont été appelés à effectuer un pèlerinage, le pèlerinage du gritche – le gritche étant une espèce de gros monstre métallique empaleur qui fait peur. Dans l’espoir que ça les aidera à survivre, les pèlerins se racontent leurs histoires et la raison pour laquelle ils ont été appelés à effectuer ce pèlerinage.

Le livre se compose principalement de ces histoires, qui sont toutes racontées dans différents environnements, styles et voix. Par moments, ça fait un peu « exercices de style en nouvelles de science-fiction », avec chaque nouvelle résonnant dans un « genre » donné, sans avoir nécessairement beaucoup à voir avec ledit genre (c’est peut-être plus une impression de ma part qu’une raison réellement rationnelle ?). Je crois que je pourrais les classifier, en espérant ne pas en dire de trop (et sans ordre particulier) en une histoire militaire (à la Starship Troopers (le bouquin de Heinlein, pas le film) ), un conte des Mille et Une Nuits, l’histoire d’une quête désespérée, une histoire d’horreur/suspense (à la Stephen King), une histoire basée sur un commentaire social (à la Fondation), une histoire de « détective dans un sombre futur » (à la Blade Runner et/ou dans un style plutôt cyberpunk). Certaines comparaisons dans cette liste sont objectivement tirées par les cheveux, mais bizarrement c’est l’impression que j’en retire.

Et chaque histoire est une bonne histoire, à la fois en soi et dans le cadre plus large de l’histoire du pèlerinage. L’ensemble laisse une impression bizarre, mais durablement positive.

J’ai beaucoup aimé, et je pense que c’est objectivement un bon bouquin. J’ai été un peu surprise de voir qu’il avait été publié en 1989 – c’est plutôt récent, comparativement à ma réserve usuelle de SF – et j’étais convaincue qu’Hypérion était plus vieux que ça. Je présume qu’il a gagné ses lettres de noblesse de « classique » rapidement.

Un dernier mot sur la traduction française de Guy Abadia, dans laquelle je l’ai lu : elle est excellente. Il y a visiblement eu une grande réflexion sur la traduction des termes spécifiques du bouquin (j’aime vraiment beaucoup la traduction de Shrike en gritche 🙂 ) et le style de l’ensemble est de grande qualité. Respect.

TOEFL, résultat des courses

(Je résiste lourdement à la tentation d’intituler ce billet « Bref, j’ai passé le TOEFL ».)

J’ai passé le TOEFL le 23 juin, et j’ai reçu un mail le 29 juin pour m’indiquer que mes résultats étaient disponibles. Sans trop de surprise (mais avec un soulagement non dissimulé), j’ai eu largement assez de points pour mon inscription en master.

J’avais dit que je ferais une mise à jour de mon billet précédent Préparation au TOEFL à propos des conditions précises de l’examen – je crois qu’il est temps 😉 Je ne peux pas, contractuellement (m’ont fait recopier 4 lignes à la main et signer pour être sûrs que je comprenne), donner les détails spécifiques au contenu de l’épreuve que j’ai passée, mais je peux donner quelques détails supplémentaires sur le déroulement lui-même.

Les quatre parties sont bien telles que je les ai décrites; il peut visiblement arriver que la partie compréhension orale joue 9 bandes audio et pas 6 (croyez-moi : c’est CHIANT). À noter aussi que la partie compréhension écrite permet de revenir sur ses réponses et de faire une relecture rapide, ce n’est PAS le cas de la partie compréhension orale (une réponse validée est une réponse validée, point).

J’avais un peu peur que l’examen soit prévu de sorte que « ok, tout le monde commence à 10h, tout le monde passe à la partie 2 à 11h, tout le monde passe à la partie 3 à midi 10 et tout le monde passe à la partie 4 à 13h » mais non – une fois le test lancé, on peut bosser à son rythme (dans les limites prévues par l’exam évidemment). L’avantage, c’est que j’ai pu sortir tôt et sans temps mort (parce que le temps mort sans avoir droit à un bouquin, bof quoi). L’inconvénient, c’est que les parties sont ordonnées comme suit : compréhension écrite, compréhension orale, expression orale, expression écrite. Du coup, quand on va un poil plus vite que le reste de la salle, on se retrouve à composer pendant que le reste de la salle est en train de marmonner dans un micro, c’est un peu pénible. Le bruit furieux des claviers quand tout le monde est en train de composer est assez marrant par contre 🙂

Niveau préparation de l’examen, j’avais potassé sur The Official Guide to the TOEFL Test, qui est le machin édité par l’ETS (la boîte qui fait passer le TOEFL) – une nouvelle édition est prévue en octobre. Il permet de voir ce à quoi ressemblent les questions, et le CD fourni (dans cette édition) permet de lire les pistes audio sans avoir à lancer l’interface Windows 😉

Comme prévu, j’ai fait un bon score partout, et j’ai surtout perdu des points sur la partie d’expression orale (bon, j’ai suffisamment fait la maline sur les réseaux sociaux avec mon score pour pas le répéter ici 😉 ). Pour moi c’est LA partie qui nécessite vraiment de l’entraînement et pour laquelle l’entraînement fait la différence, à niveau d’anglais égal. Le reste, savoir à quoi ressemble l’épreuve et être raisonnablement attentive/prudente pendant l’épreuve m’a suffi (YMMV).

Voilà, un petit retour d’expérience, pas forcément très utile à mon lectorat habituel, mais sait-on jamais !

#balisebooks – The Vampire Diaries / Journal d’un vampire – L.J. Smith

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J’ai fini The Vampire Diaries (Journal d’un vampire en français) de L.J. Smith et je suis très contente d’avoir fini. C’était chiant. Lycéenne rencontre vampire lycéen, ils font la gueule pendant 300 pages. À peu près aucune intrigue, à part peut-être dans les 70 dernières pages, les personnages n’ont aucune substance, aucun humour (à part peut-être involontaire dans les choix stylistiques). Je me suis demandée si j’avais trop lu de ce genre de trucs ces temps-ci et que les ficelles/clichés du style commençaient à m’emmerder, mais je ne crois pas que ce soit la seule raison pour laquelle j’ai pas aimé. Bref, je lirai pas la suite 🙂

#balisebooks – Foundation / Fondation – Isaac Asimov

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J’ai un problème avec Fondation. Je me considère fan d’Asimov, et j’ai jamais réussi à finir Fondation. C’est pire que ça : jusqu’à la semaine dernière, j’avais jamais fini le premier TOME de Fondation. Pas que j’avais pas essayé, j’ai dû commencé à le lire 4 ou 5 fois ces 12 dernières années.

Ça m’agace, parce que Fondation est souvent considéré comme LE cycle d’Asimov, voire de la science-fiction en général. Du coup, j’ai l’impression de louper un truc.

Fondation est l’histoire de la chute de l’Empire galactique et de la manière d’en atténuer les conséquences. Je pense que ce qui m’a le plus perturbée lors de mes premières tentatives est que les cinq parties du bouquin ont peu à voir les unes avec les autres, qu’elles sont séparées par une longue période de temps sans que ça ne soit explicite immédiatement, et qu’il n’y a presque pas de personnage commun entre les parties (un personnage dans une partie est parfois devenu limite un mythe dans la suivante). Pour moi, c’est source de confusion et d’agacement – ça m’énerve d’avoir un vague aperçu d’un personnage et *pouf* il disparaît dans la partie suivante. Bon, une fois qu’on a pigé la structure générale, ça va mieux.

J’ai aussi appris, en faisant un peu de méta-lecture, que Fondation avait été à l’origine publié comme nouvelles individuelles (en particulier dans Astounding). Je crois que j’aurais apprécié une note de l’éditeur sur ce point au début du livre.

Bon, j’ai fini le premier, qu’est-ce que j’en fais ? Je suis pas convaincue que je vais continuer. Je veux dire, objectivement, c’est bien, et je peux voir l’attrait de ce machin épique où on a l’impression de voir l’Histoire s’écrire. Mais je crois que… ben c’est pas ma came, quoi. J’ai toujours un peu l’impression de louper un truc, mais au moins j’ai fait ma paix avec ça. Il est pas impossible que ça finisse par m’énerver à l’avenir et que je me dise que le deuxième (ou le troisième, ou…) tome est différent et que je loupe effectivement quelque chose, mais on verra quand/si le problème se présente(ra) 🙂

#balisebooks – The Time-Traveling Fashionista / Une robe couleur du temps – Bianca Turetsky

(Tiens, j’avais oublié de traduire celui-ci hier. Le post original :
https://plus.google.com/106223694077555758612/posts/Xc36ULnW57y )

Bon, je crois que The Time-Traveling Fashonista (traduit en français sous le titre Une robe couleur du temps, c’est bien trouvé, d’ailleurs, enfin j’aime bien) est un exemple typique de « mon libraire a pas bien fait son boulot ». Je veux dire par là qu’il y a une petite section anglaise à la librairie en question, et que ladite section est divisée en quatre : littérature « générale », SF/Fantasy/Thrillers, non-fiction (ça se dit, ça en français ?) et littérature jeunesse. Ce livre était dans la partie littérature générale, et même mis en avant dans ladite section, mais la cible est clairement les 8-12 ans. Enfin bref, je l’avais, je l’ai lu 😉 (Et je serai plus prudente la prochaine fois que j’irai dans cette librairie).

C’est l’histoire de Louise, qui a 12 ans et une passion pour la mode « vintage » (*tousse*crédible*tousse*) et est invitée à une vente privée de mode vintage (*tousse*crédible*tousse*) (Bon, je plaisante sur le coup de la crédibilité. Je veux dire, le Club des 5, c’était pas des plus crédibles non plus. Mais c’était (c’est) bien quand même.) Louise essaye une robe, tombe dans les pommes, et se retrouve… sur le Titanic. Et, heu… c’est à peu près tout 🙂

Je dois admettre que c’était plutôt choupi et que les illustrations étaient jolies. Je ne suis pas sûre de ce que j’attendais en prenant ce bouquin, probablement pas un truc très profond, mais du fait que j’étais vraiment pas dans la cible, j’ai été un peu déçue. Probablement pas mal pour la cible considérée, cela dit.

#balisebooks – L’Affaire Jane Eyre – Jasper Fforde

Je viens de finir l’Affaire Jane Eyre, premier livre de la série des Thursday Next (qui est le nom de l’héroïne). L’histoire se déroule dans un univers parallèle où la guerre de Crimée est toujours en cours, où les gens voyagent en ballon dirigeable, où les dodos clonés sont des animaux de compagnie et où la littérature classique a une popularité énorme. Il existe même une division de la police (les SpecOps) qui s’occupe des crimes littéraires – manuscrits volés, contrefaçons et autres. Thursday fait partie de cette division et se retrouve à la poursuite d’Acheron Hades, qui commence par tuer un personnage mineur du Martin Chuzzlewit de Dickens et finit par kidnapper Jane Eyre du roman éponyme de Brontë.

J’ai beaucoup aimé. C’était suffisamment débile pour me faire rire, mais pas assez pour me faire perdre le fil de l’histoire. J’ai bien aimé l’univers et le groupe de personnages, et maintenant j’ai envie de relire Jane Eyre. Et de lire les Thursday Next suivants 🙂

#balisebooks – Outliers – Malcolm Gladwell

Post original :
https://plus.google.com/u/0/106223694077555758612/posts/iThAJA8pD7P

Je viens de finir Outliers, de Malcolm Gladwell (pas de traduction française à ma connaissance) et j’ai un avis assez ambigu sur l’ensemble. La thèse du bouquin est que le succès n’est pas une question de talent extraordinaire, mais d’un talent « suffisant » associé aux bonnes circonstances et à une quantité énorme de travail. Jusqu’ici, tout va bien; pourquoi pas.

Gladwell est très bon lorsqu’il s’agit de raconter des anecdotes, des histoires marrantes et assimilé. Il est drôle, engageant, ses exemples sont bien choisis et en général très intéressants (notons au passage que, à mon avis, What The Dog Saw est meilleur de ce point de vue).

Il est aussi très bon lorsqu’il s’agit de faire réfléchir son lecteur et de tenter de le faire regarder des histoires « classiques » au-delà de ce qui en est habituellement dit – il donne des informations supplémentaires et on finit par se demander ce qui, au final, est réellement pertinent (probablement tout, dans une certaine mesure).

Ce qui m’a par contre franchement agacée était le sentiment tenace de « oui, bon, tu essaies de me montrer des stats, mais tu essaierais pas de me pipoter, là, par hasard ? ». Je ne sais absolument pas si ses stats sont valides ou non. Mais, de la manière dont elles sont présentées dans le livre, elles tiennent plus de l’anecdotique et du sophisme du tireur d’élite texan (l’article anglais de la Wikipédia est plus complet… mais en anglais 😉 ). Encore une fois, je ne dis pas que les faits sont faux ; je dis juste qu’après avoir lu le livre, je ne sais pas s’ils sont vrais ou faux. Très agaçant.

Bref, au final, c’est un bouquin que j’ai apprécié (à cause des anecdotes rigolotes) mais qui m’a fondamentalement énervée sur le plan statistique/scientifique. Et je suis nulle en stats. Donc… ouais… mitigée.