J’ai souvenir d’avoir tenté d’écrire de la fiction depuis que je suis gamine. Quand j’étais à l’école et au collège, j’avais un faible en cours de français pour les rédactions, je trouvais ça marrant. (La grammaire me faisait chier, c’était trop facile. Depuis j’ai appris que c’était pas si facile que ça, en fait.) Je me souviens avec assez de précision d’un machin de quelques pages que j’avais écrit en voyant « ma » plage recouverte d’algues (c’était une année à algues), et où j’avais décidé qu’en fait c’étaient des aliens qui s’étaient écrabouillés sur la plage ; le gamin qui avait décidé de refaire un tas d’algues finissait assez mal. C’était assez affreux comme histoire, à la réflexion 🙂
Quand je suis arrivée au lycée, on a décidé pour moi que c’était bien gentil toutes ces conneries, mais non, les rédactions, yen aurait plus, à la place on ferait des disserts et ça serait bien aussi. Je me souviens avoir été un peu déçue. J’ai quand même écrit quelques conneries par ci par là ; pas beaucoup de souvenirs, à part une visite de mon lycée vu par, encore une fois, un alien qui s’était paumé là. Je crois que je l’avais publié dans le journal dudit lycée, dont j’étais par ailleurs l’instigatrice, maquettiste et rédac’chef, pratique. Pour une raison qui m’échappe un peu, j’associe fortement ce machin là à Pardon, vous n’avez pas vu ma planète ? de Bob Ottum, que j’ai beaucoup lu (et qu’il faudrait d’ailleurs que je relise à l’occasion, ça fait longtemps).
Pas grand chose pendant les années qui ont suivi ; j’ai pas mal écrit, mais peu de fiction ; une centaine de pages d’une thèse jamais soutenue, et pas mal de technique. Quand j’y réfléchis, je suis auteur publié, ce qui est quand même super chouette ; j’ai un peu du mal à m’en vanter, justement parce que c’est du technique. (Ce qui est un peu bizarre, mais admettons).
Et puis, il y a quelques années, je suis tombée sur le site du NaNoWriMo. Le but du jeu : un mois (le mois de novembre), et réussir à sortir 50000 mots sur le mois en question. J’ai tenté le coup trois, quatre fois, sans succès vraiment jusqu’à présent ; j’ai quand même rencontré des gens rigolos qu’on revoit tous les ans sur le canal IRC du Nano francophone, donc c’est plutôt cool. La communauté francophone du NaNo est assez géniale d’ailleurs, on rigole bien, et il y a une saine émulation avec les word wars (15 minutes, celui qui pond le plus de mots a « gagné », et tout le monde gagne parce que tout le monde ajoute à son compte de mots) .
Et puis en ce moment, c’est le Camp NaNoWriMo ; la même chose, mais en août (et en juin). Je me suis inscrite sur un coup de tête à la toute fin juillet, en sachant que je ne pourrais en gros pas faire grand chose avant le 7 août (Grèce + préparation d’exams, ça fait beaucoup), ce qui me mettrait dans un retard non négligeable par rapport à l’objectif de 50000 mots. Du coup, je me suis laissée la semaine pour essayer de trouver une idée à la noix ; l’idée à la noix est venue en discutant avec Pierre d’un tout autre sujet, et j’ai fini par me retrouver avec… un titre, qui avait au moins le mérite de me faire rire : « Le Guide du Hipster Galactique ». Je suis partie là-dessus ; j’ai des héros qui sont enquêteurs/rédacteurs de « guide du hipster galactique » (des guides touristiques à destination des hipsters, quoi) (en édition limitée, évidemment), une série de meurtres, et j’ai même un meurtrier. Enfin je sais qui c’est, quoi. Et je viens juste de passer la barre des 20000 mots (et un peu plus de 120000 signes) ; je suis encore loin des 50000, mais c’est deux fois plus que ce que j’ai jamais fait en NaNo, donc c’est plutôt positif. Si j’exporte en PDF ce que j’ai, j’arrive à une cinquantaine de pages.
Je crois qu’il y a plusieurs différences par rapport aux années précédentes. La première est assez évidente : je suis actuellement en vacances, j’ai plus d’exams, je n’ai plus rien de prévu jusqu’au 17 septembre, et je n’ai donc que ça à faire de mes journées. (Bon, ça et jouer à Bejeweled Blitz, apparemment.)
Deuxièmement, c’est peut-être aussi un problème d’adaptation à l’exercice. Le but du jeu n’est pas de faire 50000 mots « corrects » ni même « potables », mais juste… 50000 mots. Et du coup, c’est un rythme à prendre. C’est aussi réussir à dire « OH MAIS TA GUEULE » au correcteur interne qui trouve vraiment que ton style est dégueulasse, que t’as fait une typo là (bon, j’avoue, je corrige les typos quand je les vois), que tu as une incohérence mineure (ou majeure d’ailleurs) avec un truc précédent. Je grimace à chaque fois que je relis un paragraphe pour savoir où j’en étais ; je m’oblige à continuer quand même. Je tire à la ligne, j’utilise des anglicismes dégueulasses parce que le mot français ne me vient pas immédiatement, j’ai probablement un texte bourré d’incohérences, d’expositions lourdingues, de typos, d’erreurs et de XXX quand je ne me souviens plus du nom de mes personnages. C’est fou ce que mes persos peuvent passer comme temps à bouffer aussi, et à décrire ce qu’ils bouffent. (Parce que ça m’amuse). Tant pis, je suis pas là pour faire un truc lisible, je suis là pour écrire le premier jet (et probablement dernier jet, parce que ça en restera probablement là) d’une histoire qui ait un minimum de corps. Pour me prouver que je peux le faire. Pour me démontrer que non, je ne manque pas absolument et complètement d’imagination, puisque les choses me viennent, tout de même. (J’ai toujours l’impression que 95% des gens ont plus d’imagination que moi. Je crois que c’est pas vrai. Par contre, c’est possible que j’aie besoin d’infuser plus longtemps.) C’est pas d’une originalité folle, c’est blindé de clichés à deux balles cinquante, mais on s’en fout.
Troisième élément, j’ai pour une fois utilisé un univers de SF. Les années précédentes, j’avais pris peur, j’étais restée très plan-plan dans un univers « Europe du début du XXIe siècle » et j’avais commencé à écrire sur des thèmes qui me touchent, mais en prenant les choses beaucoup trop au sérieux sans doute. Du coup, je me suis fait chier, rapidement. J’en étais restée à ce stade là parce que j’avais peur d’arriver à rien, que ça soit trop de boulot d’avoir un univers qui se tienne, alors que finalement, avoir un univers à décrire, ça permet aussi de tirer à la ligne. Et de pas se faire chier. Alors je sais très bien que 90% de mes morceaux d’univers (et de mes descriptions de repas 🙂 ) finiraient/finiront à la trappe si je me décide à reprendre cet espèce de machin pour tenter d’en faire un truc vaguement lisible, mais ça me permet, à moi, de m’amuser un peu. Et finalement, je construis ça au fur et à mesure que j’avance, un peu comme je fais la connaissance de mes personnages au fur et à mesure que j’avance, et ça se passe pas plus mal.
Quatrième élément, plus anecdotique probablement, j’utilise pour la première fois Scrivener (qui a une version bêta sous Linux qui fonctionne au moins suffisamment décemment), qui permet à la fois d’avoir des petites fiches, de réordonner des morceaux de texte, de taper du texte au kilomètre dans un éditeur « distraction-free » (un truc où seule la page s’affiche en plein écran, pas de menu, pas de zigouigouis pour faire de la mise en page, juste un bidule pour taper du texte au kilomètre) ; bref, c’est pas mal fichu et je pense que c’est fait pour s’adapter à pas mal de workflows… dont le mien.
Bon, et sur ce, j’ai encore 30000 mots à sortir avant le 31 août, idéalement 😉