Sandrine me faisait part hier de ses interrogations métaphysiques – « tablette or not tablette, eReader or not eReader ». Je commence à avoir une opinion certaine sur la question, et ça commence à déborder de ce que je peux dire sur un log d’IM, donc je m’en vais faire un billet.
J’estime que j’ai fait partie, relativement, des « early adopters » de l’eReader ; j’en ai acheté un il y a presque quatre ans jour pour jour. Je me souviens aussi avoir critiqué violemment l’iPad pour la lecture : ayant goûté au confort d’un écran à encre électronique, je ne me voyais pas repasser à un écran « normal », ça me paraissait aberrant. Depuis, Irex a fait faillite, mon activité de traduction (et donc de relecture) est dans un hiatus à durée indéterminée (parce que je fais des maths en ce moment), et j’ai pas rallumé mon Iliad depuis… un certain temps. Voire un temps certain. Récemment, j’ai beaucoup lu sur mon téléphone (et par « beaucoup », j’entends littéralement des milliers de pages, j’ai lu entre autres plusieurs tomes du Wheel of Time de Robert Jordan sur un téléphone) et, encore plus récemment, sur le Nexus 7 dont je viens de faire l’acquisition (j’en ai fait une petite critique, en anglais, sur Google+).
De ce que je vois, il y a eu deux éléments principaux au passage sur le téléphone : le format des fichiers et la disponibilité de la liseuse. Mon Irex ne prend que les fichiers Mobipocket et PDF ; j’avais fait le pari sur Mobipocket, manque de bol ce sont les EPUB qui se sont imposés en masse (en plus du format Amazon, évidemment). D’autre part, le grand écran qui s’est révélé très utile pour faire de la relecture et des annotations était nettement moins pratique lorsqu’il s’agissait de le trimballer. En revanche, j’ai toujours mon téléphone sur moi (pas que je téléphone beaucoup, mais j’aime beaucoup avoir Internet dans ma poche).
Aujourd’hui, je suis nettement partiale en faveur de la (petite, qui tient dans une main) tablette. Le confort d’affichage d’une liseuse « classique » reste inégalé pour la lecture en plein jour. Mais en-dehors de ça, les arguments vont, pour moi, en faveur de la tablette…
- La liseuse est un machin qui ne permet de faire qu’une chose. La tablette, non. Et même pour de la lecture « pure », ça peut être un avantage pour la tablette. J’ai trois applications de lecture sur ma tablette : l’application Kindle, fbReader pour le tout venant sans DRM et un lecteur PDF (pour l’instant j’utilise Adobe Reader, mais faut que je me penche un peu plus sérieusement sur le sujet). Et si on me sort un format exotique, je me dis que j’ai de bonnes chances de réussir à trouver une application qui le lit. Sur une liseuse, c’est plus délicat.
- Dans les trucs cons, la liseuse est noir et blanc, la tablette a des couleurs qui brillent. Pour lire un roman, on s’en fout ; pour lire un magazine (un jour yaura des offres en-dehors des US… un jour 😉 ) ou une BD, la couleur c’est sympa.
- En-dehors de la lecture pure, c’est plus personnel, mais j’apprécie assez d’avoir un machin qui fait « bling » quand je reçois un mail ou une notification quelconque. C’est évidemment débrayable, mais à titre personnel je sais pertinemment que je passe plus de temps sur un appareil qui n’est pas mon ordinateur si je peux avoir ce genre de choses. Sinon je retourne à l’ordinateur pour vérifier que j’ai pas reçu un mail (notons que c’est un comportement que j’ai depuis que j’ai eu ma première adresse e-mail et que même quand j’étais gamine j’avais une addiction à la boîte aux lettres. Doit y avoir un truc.)
- L’écran d’une tablette est certes moins agréable pour lire, mais il y a quand même moyen d’optimiser son confort de lecture : plus ou moins de luminosité, choix de la couleur de fond, mode « nuit »…
- En parlant de mode « nuit », je peux lire toutes lumières éteintes sur la tablette. Ça fait quand même de la lumière évidemment (sinon ça serait plus difficile de lire), mais moins qu’une lampe de chevet.
- J’avoue que j’ai pas beaucoup testé les derniers modèles en encre électronique. Mais j’ai souvenir que le passage d’une page à l’autre était lent. Rien de dramatique, on s’habitue vite à « tourner la page » deux lignes avant la fin de la page, mais le retour à une liseuse après avoir lu un peu sur un écran plus rapide est un peu douloureux de ce point de vue.
Bref, j’en suis à un point où, à l’heure actuelle et pour mon cas d’utilisation namoiquej’ai, les avantages de la tablette surmontent grandement l’inconvénient de l’écran. C’est peut-être pas le cas pour tout le monde, j’en suis bien consciente : j’ai la chance de ne pas être gênée par les reflets et de trouver que la modification de la luminosité est suffisante pour m’assurer un confort de lecture suffisant pour oublier le support sur lequel je lis. Il n’est pas non plus à exclure que l’écran lumineux ait un impact sur la rapidité de l’endormissement/la qualité du sommeil quand on bouquine au lit. J’ai vu plusieurs personnes dire ça ; que l’effet soit physiologique ou psychologique ne change rien à l’affaire, c’est peut-être un truc à prendre en compte. Personnellement je n’ai pas eu l’impression d’un impact significatif.
Il reste un certain nombre de questions en suspens. Pour l’instant je suis en vacances ; est-ce que je vais trimbaler ma tablette à l’école à la rentrée ? Sachant que je trimbale déjà un laptop et un téléphone, ça risque peut-être d’être overkill. Suivant les jours, je me passerai peut-être du laptop, mon dos devrait apprécier. Et si je me limite à lire les bouquins sur l’appli Kindle, il y a une synchro entre la tablette et le téléphone pour pas perdre ma page. J’ai pas encore vraiment d’opinion sur le sujet, à voir dans un mois 🙂
D’autre part, les technos évoluent aussi. Ça fait quelque temps que j’ai entendu parler de Pixel Qi, qui vise à associer les avantages des deux technos (la rapidité du LCD et la lisibilité de l’e-ink) ; j’ai encore rien vu dans la vraie vie, mais si ça décolle ça peut être intéressant. J’ai aussi vu ce matin un article sur des prototypes qui ont deux écrans dos à dos ; là encore, je sais pas ce que ça peut donner dans la vraie vie, mais ça peut être intéressant (j’aurais un peu peur de salir un écran avec mes gros doigts pendant que j’utilise l’autre cela dit).
Ceci était donc mon état des lieux personnel sur le sujet. À suivre dans quatre ans ? 🙂