Hier soir, nous sommes allés dîner dans un restaurant de Mountain View qui s’appelle Chez TJ (et qui se trouve avoir une étoile au Michelin) ; un copain nous en avait dit le plus grand bien et il avait raison : c’était absolument fantastique. On a pris, toujours sur ses recommandations, un « Chef’s Tasting Menu », menu du chef, donc, avec les vins associés. Le serveur a vérifié qu’on avait bien 3 heures devant nous 😉 (littéralement), et on a commencé un repas de 12 assiettes et 8 verres de vin. Je vais pas répéter partout que c’était fantastiquement bon, parce que tout était fantastiquement bon. Par contre je vais raconter ce que j’ai mangé et bu, parce que c’est rigolo. Enfin je crois. Et pour ça j’ai des antisèches : à la fin du repas ils nous ont donné des feuilles avec le menu et la carte des vins, signées 🙂 (Ce qui est plutôt sympa je trouve).
- Premier vin : Crémant de Bourgogne, Bailly Lapierre, Brut Exception Nature (sic :P)
- Première assiette : « Roasted Burgundian Beet » – un tout petit cube de betterave rouge, saupoudré de sésame et d’un peu de caviar, avec de la poudre de bacon. C’était très rigolo. La betterave et le caviar c’était très chouette ensemble, le côté « terreux » de la betterave vs le côté « iodé » du caviar, sympa. Et la poudre de bacon c’était rigolo. Bref, rigolo 😀
- Deuxième assiette : « Shortrib Croquette » – trois petites croquettes de bœuf (de shortribs, donc – pas exactement sûre du morceau en découpe française, probablement entre la basse côte et la côte), avec une sauce à l’oignon, de la crème fraîche en petits points et de la ciboulette.
- Deuxième vin : Eidos de Padriñán 2008, un blanc d’Espagne
- Troisième assiette : « Cappuccino of Kohlrabi and Coffee » – une tasse de « cappuccino » (un velouté très mousseux) de chou-rave et de café, accompagné d’un financier de canard et salsepareille. Je dois avouer que j’ai pas vraiment senti le canard dans le financier, mais que l’association du financier et du cappuccino était une vraie réussite. En plus d’être très rigolo – en voyant les deux on a l’impression d’un vrai kawa avec une petit mignardise servie avec, et en fait c’est salé. Bref, c’était très amusant. (Et j’ai envie de dire « et délicieux », mais je crois que vous avez compris le concept). Pierre a trouvé que ça améliorait le concept de « chou-rave » 🙂 Ils en ont aussi profité pour amener du pain (et du beurre) – le pain était une tuerie absolue.
- Troisième vin : Anglim Grenache Rosé 2011, un rosé de Californie
- Quatrième assiette : « Celebration of Heirloom Tomato » – une assiette avec différentes tomates anciennes, dont un beau bloc de tomate jaune (je sais pas quelle variété c’était, mais c’était jaune :P), avec du tartare d’agneau, des morceaux de radis et des petites gouttes de sauce (une cerise confite/piment et une à la sauce soja, si je ne m’abuse).
- Quatrième vin : Santenay Gravières 1er cru 2006, Château de la Crée, un Bourgogne blanc
- Cinquième assiette : « Hand Cut Squid Ink Linguini » – des pâtes à l’encre de seiche, avec une sauce probablement à l’oursin (d’après ce que j’ai sur ma feuille), en pratique qui sentait le « marin », et des copeaux de truffe blanche). J’en ai déduit que décidément, mon problème avec les calamars et autres bestioles du même genre, c’était la texture ; là il y avait du goût sans la texture et c’était très, très bon. Et j’ai trouvé le choix du vin particulièrement adapté (je veux dire, tout était bien, mais j’ai trouvé celui-là particulièrement réussi).
- Sixième assiette : « Tropical Berry Hyssop Fresca » – la version locale du trou normand ? De la glace aux fruits de la passion, ananas et mangue, sur une gelée d’hysope (dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’ici)
- Cinquième vin : Cuvée Marie Raggoneau, Domaine Charles Audoin 2009 – un Bourgogne rouge
- Septième assiette : « Sacramento Black Bass » – si j’en crois l’Internette c’est un poisson d’eau douce (ce qui paraît pas bête à Sacramento), si j’en crois mon assiette hier c’était bon ; servi sur des haricots blancs au lard fumé et avec des courgettes. L’association avec du rouge m’a fait hausser un sourcil, mais du fait des haricots au lard c’était très bien.
- Sixième vin : La Storia Petite Syrah La Storia, un rouge de Californie (Alexander Valley)
- Huitième assiette : « Grilled, Braised, Smoked and Glazed Short Rib » – le retour du short rib, dans une espèce de pavé caramélisé à tomber par terre, accompagné de blettes – une purée de feuilles et des côtes au vinaigre (un peu comme des cornichons quoi). Je suis pas fan de blettes, mais les côtes au vinaigre c’était bien.
- Septième vin : Kina l’Avion d’Or – c’est de la quinquina (un truc dont j’avais jamais entendu parler) – pour ceux qui ont de la culture, c’est un apéritif genre bitter, c’est apparemment proche du Lillet Blanc (que je connais pas non plus, mais ça avait l’air de rappeler des choses à la table d’à côté 🙂 ). Et c’est suisse.
- Neuvième assiette, « Saint Nectaire, l’Or des Domes » – un beau morceau de Saint Nectaire (ché bon le Saint Nectaire), avec des tomates Sun Gold et de l’aubergine (extra, l’aubergine)
- Huitième vin : du Pineau des Charentes, Château de Monitfaud (c’est pô mal sur les desserts le pineau. C’est pô mal du tout.)
- Dixième assiette : « Sweet Potato Beignets » – des beignets à la patate douce, de la glace au beurre noisette et une sauce aux fruits de la passion. Un seul mot : RHA.
- Onzième assiette : « Sautéed Almond Cake » – un gâteau aux amandes, avec de la glace à la myrtille, des myrtilles, et une sauce au basilic.
- Douzième et dernière assiette, les mignardises : de la pâte de fruits à la fraise, un tout petit macaron choupi à la figue et un caramel à la cannelle et aux cinq-épices.
Tout était, je me répète, très bon ; je crois ce que j’ai préféré c’était le cappuccino de chou-rave, les short ribs et les beignets de patate douce (avec une mention spéciale pour les linguini : me faire manger du poulpe et de l’oursin c’est pas forcément gagné mais je me suis régalée, vraiment). Le service était classe mais pas coincé, ils expliquaient au fur et à mesure les assiettes qui arrivaient – parfois à une vitesse incompatible avec notre maîtrise de l’anglais, surtout avec des ingrédients pas forcément courants 😉
On est rentrés passablement soûls il faut le dire (c’est à 1km de là où on loge, donc on était à pieds… mais je suis pas sûre qu’on était dans un état compatible avec le simple fait d’être sur la voie publique !) mais absolument ravis. C’était vraiment un truc à faire, et ça valait vraiment le coup. La facture et l’exceptionnalité de la chose font que c’est probablement pas un truc à refaire souvent, mais ça tombe bien, on est pas souvent à Mountain View 😉
Où j’apprends que la salsepareille existe vraiment et pas que dans les schtroumpfs.
Fou hein ?