Les DRM sur les e-books, ça craint. (Et d’autres trucs aussi)

Je lisais ce matin un billet intitulé « DRM or not DRM ? Telle est la question » qui traite de la question des DRM sur les e-books. L’auteur, Cécile Chabot, a préfixé son post Google+ d’un « Et vous, vous êtes pour ou vous êtes contre les DRM sur les ebooks? » auquel j’ai commencé à répondre sur G+, et puis en voyant la taille de la tartine, je me suis dit qu’elle serait aussi bien ici.

En gros comme en détail, je suis contre. Pour une seule raison, essentiellement : ça ne change rien en ce qui concerne la diffusion sur des sites de téléchargement, et ça a un potentiel d’emmerdes énormes pour l’acheteur légal. (J’ai le même genre d’argument sur les portillons du métro qui n’empêchent pas les gens de sauter au-dessus mais qui sont une plaie dès qu’on transporte plus qu’un petit sac à dos.)

Le postulat de base, c’est qu’à partir du moment où un machin (e-book, musique, vidéo) existe sous forme numérique, avec ou sans DRM, on peut considérer qu’il est disponible gratuitement sans DRM quelque part. La plupart des DRM se cassent ; il y même, selon toute probabilité, des applis qui rendent les choses très faciles. Et à partir du moment où le DRM est cassé une fois sur un fichier, ben c’est plus nécessaire de le casser sur d’autres – il suffit de copier le fichier non protégé. Le fait que la source originale soit protégée ou non n’a donc a priori aucun impact sur ça. (Il y a des DRM plus ou moins faciles à casser, mais globalement… ce n’est qu’une question de temps.)

Cécile parle de la question du prêt et de perte de possession – c’est vrai, et j’avoue que je n’avais pas encore vraiment vu les choses sous cet angle (mais je prête et j’emprunte assez peu de bouquins). Je voudrais mitiger ça par deux points. D’une part, en général, quand je veux prêter un bouquin, c’est que je viens de le lire, et que donc je vais pas le relire tout de suite. Donc, qu’il soit dans ma bibliothèque ou dans la bibliothèque de ma copine (ou les deux), je m’en fous un peu. D’autre part, la dernière fois que j’ai envisagé de vouloir prêter un e-book, c’était… à mon époux. Il se trouve qu’on vit ensemble, qu’on fait bibliothèque commune, et que oui, il arrive occasionnellement qu’on lise le même bouquin au même moment. Pour le coup, le fait de pouvoir avoir une copie sur deux e-readers du foyer (on utilise l’appli Kindle sur nos téléphones, principalement) me paraîtrait pas complètement délirant. Sauf qu’évidemment, dans l’état actuel des choses, c’est impossible à gérer de façon simple. Alors ouais, on pourrait faire compte Kindle commun, il y a moyen d’avoir plusieurs appareils associés au même compte, très bien. Sauf que d’une part, j’avoue que je n’ai pas vérifié, mais je suis à peu près sûre que c’est pas un cas autorisé par les conditions de vente Amazon. (Et pour le coup, imaginerait-on un libraire demander combien de personnes habitent chez moi et me vendre 4 exemplaires de n’importe quel bouquin que j’achète au cas où mon mari et mes gosses veuillent le lire ?) Et d’autre part, là ça va, c’est mon époux, mais si j’envisageais que ce soit un compte « familial » avec mes (hypothétiques) gosses par exemple, je tiendrais hypothétiquement pas nécessairement à ce que mes enfants aient accès à toutes mes lectures. Donc ça pose d’autres problèmes aussi.

Les DRM posent aussi évidemment le problème de l’interopérabilité. Avec un e-book sans DRM, je peux le convertir en 12 formats différents si ça me chante, le mettre sur ma vieille liseuse antédiluvienne qui bouffe que des formats pas classiques, le mettre à la fois sur mon téléphone, ma liseuse, ma tablette, mon laptop et mon ordinateur sans me poser plus de questions que ça, et faire ce que je veux avec, suivant ce qui est plus pratique pour moi à un instant t. Si ça me chante je peux aussi le mettre dans un machin de synthèse vocale et écouter le bouquin plutôt que le lire. (Certains bouquins Kindle offrent la possibilité, mais le DRM Amazon permet d’autoriser ou de bloquer cette possibilité). On me dira que ce sont des choses que seules l’édition numérique me permet de toute façon et qu’un bouquin papier ne me poserait pas ce genre de problèmes et ne m’offrirait pas ces opportunités. Mais bon, on a l’énorme chance de pouvoir faire ces choses – pourquoi s’en priver pour des raisons discutables ?

Cécile pose la question du « consensus social » et dit que « Fondamentalement, je crois que sur cette question, le droit ou la technique seront de faible secours mais que l’éthique et la créativité  pourraient aider. » Je suis d’accord sur le fait que le droit et la technique montrent leurs limites (les majors du disque envisagent de commencer à s’en rendre compte). Alors l’éthique et la créativité en tant qu’alternative, je dis plutôt oui. Mais j’espère juste que ça ne sera pas limité à une seule direction (i.e. moi, en tant que gentil consommateur, je m’engage à acheter (louer ?) mon contenu par les moyens légaux mis à ma disposition et à racheter mon contenu sous toutes les formes qui pourraient m’être utiles parce que je peux pas transformer la forme sous laquelle je l’ai acheté), mais dans les deux sens (i.e. je m’engage à acheter mon contenu par les moyens légaux mis à ma disposition, mais vous êtes gentils, vous me faites pas chier avec vos protections à la noix, et vous m’autorisez à acheter ledit contenu).

Je signale le dernier point sur le « vous m’autorisez à acheter ledit contenu » parce que, en-dehors même de la question des DRM, l’accès au contenu est, encore une fois et pour des raisons qui m’aberrent profondément, toujours un problème. J’ai beaucoup entendu parler, ces derniers temps, de la série du Protectorat de l’Ombrelle de Gail Carriger. Je me suis dit « tiens, ça a l’air pas mal, pourquoi pas ». Je regarde la VO, pas de version Kindle disponible. Bon, la version numérique n’existe apparemment pas, admettons, ça arrive. Sybille me signale que la VF est dispo en version Kindle. Chouette, me dis-je en mon for intérieur. Je me rends alors compte que la VF est dispo en version Kindle… si je ne suis pas connectée sur Amazon. Parce que sinon, il se rend compte que j’habite en Suisse, et donc il veut pas me le vendre. C’est pas la première fois que ce genre de gag m’arrive ; d’habitude c’était plutôt entre les US et l’Europe, mais visiblement entre la France et la Suisse ça marche aussi. Enfin ça marche pas. Enfin bref. L’offre existe, on veut juste pas me la vendre parce que j’habite du mauvais côté d’une frontière. (Alors qu’acheter le bouquin papier via le même Amazon ne poserait aucun problème !) (Oui, je sais, j’ai qu’à faire ça.). Je ne sais pas qui est à blâmer, et je m’en fous un peu. Mais les restrictions géographiques sur la vente de contenu numérique sont pour moi encore pires que les DRM. Un DRM m’empêche de faire ce que je veux avec ce que j’achète ; une restriction géographique m’empêche d’acheter légalement ce que je veux acheter. Et vous savez quoi ? Quand on peut pas acheter un truc, ben ça fait des ventes en moins. Fou non ?

Les majors de la musique ont finalement visiblement compris que les DRM c’était pas une bonne idée, et une grosse partie des catalogues (iTunes et Amazon en particulier) sont libres de DRM. J’achète une quantité non nulle de musique en MP3 sur Amazon d’ailleurs, c’est pratique, c’est bien indexé, je clique et ça downloade (ou à peu près, c’est un demi-poil plus sioux que ça sous Linux mais guère), c’est du MP3 propre, nommé correctement et taggé correctement ; c’est pas de la GRANDE qualité de MP3 (et encore moins du FLAC), mais je m’en fous, entre les enceintes de mon PC et mes oreilles défaillantes, c’est pas comme si je pouvais faire la différence de toute façon.

J’espère que les éditeurs d’e-books mettront moins longtemps que lesdits majors à se débarrasser des DRM. Ça paraît sur la bonne voie – Tor (un des gros éditeurs de SF/Fantasy aux US) a annoncé récemment qu’ils se débarrassaient des DRM ; O’Reilly n’a, à ma connaissance, jamais eu de DRM sur leurs livres numériques ET proposent plusieurs formats pour chaque bouquin (et, là encore, le fait que l’achat soit simple et pas relou m’incite fortement à acheter chez eux – j’ai une quantité de machins à lire assez improbable).

J’espère aussi que les créateurs de contenus de tous poils (musique, livres, vidéos) se rendront aussi un jour compte que les restrictions géographiques, c’est complètement con. C’était déjà complètement con sur le zonage des DVD ; sur le contenu téléchargeable ça pousse à la stupidité la plus délirante. Ne pas proposer à la vente légale un truc qui (voir postulat de base en début de billet) est de toute façon disponible par d’autres biais, et se plaindre de ses ventes ? Ya que moi que ça choque ? Je suis incapable de ne pas m’énerver sur le sujet, c’est un de mes thèmes d’agacement favoris, donc je vais arrêter là ma diatribe qui ne servira de toute façon qu’à convaincre les convaincus 😉

10 commentaires sur « Les DRM sur les e-books, ça craint. (Et d’autres trucs aussi) »

  1. Je suis une convaincue, et en plus ma conscience ne s’oppose à du tout à recourir aux fichiers par des moyens « illégaux » quand les moyens légaux sont indisponibles ou rédhibitoirement pénibles (que ce soit à cause de DRMs, géolocalisation, CAPTCHA inhumains, site en Flash, etc).

    Je suis même presque (mais pas complètement) à l’aise à l’idée de me procurer un fichier correspondant à un livre que j’ai déjà acheté en papier, ainsi qu’à l’idée de me procurer un fichier pour juger la pertinence de l’acheter sur un sous-ensemble de mon choix (en gros reproduire une pratique que j’avais vis-à-vis du papier à la Fnac quand j’étais en prépa’ (c’était la belle époque, j’avais le temps de faire des trucs :-p)).

    Sinon pour arrêter de parler de ma petite vie et revenir au fond de ton article, j’ai trouvé tes arguments assez « courants », alors que dans la défense du non-DRM par Osprey j’ai trouvé des arguments auxquels je n’avais jamais pensé toute seule.

    1. Ouais, je fais pas vraiment dans l’original, mais rien de nouveau 😉
      Je suis assez d’accord sur son « niches and brands » – parce que c’est exactement comme ça que moi, lecteur et de manière générale « consommateur de biens culturels » (c’est laid, mais bon) je fonctionne. Mais je sais pas dans quelle mesure c’est généralisable. Idem pour le « obscurity vs piracy » – c’est probablement vrai pour beaucoup de « producteurs de biens culturels », mais c’est probablement faux pour d’autres (qui se trouvent sans doute ne pas avoir vraiment de problèmes avec ladite « obscurity »).
      Quant au fait que « the world doesn’t owe the publishing industry a living », c’est une question qui me fout toujours mal au crâne. Qu’est-ce qui « vaut » d’être acheté, publié, diffusé, vendu ? Étant donné que toute publication (au sens large) a un coût (ne serait-ce qu’en temps), quelle est l’alternative ? Se passer de nouveaux contenus ? Compter sur de généreux mécènes ? Compter sur les gens qui font ça pour l’amour de l’art et qui en feront autant s’ils peuvent pas en vivre ? Chuis assez d’accord sur le principe, mais je sais pas où aller à partir de là.

      (Bon, et je peux pas m’empêcher de citer Desproges : « Je vous demande une courte pensée pour ceux de mes camarades du spectacle qui n’ont actuellement aucun travail, sous prétexte qu’ils n’ont aucun talent. » 😉 ).

      1. Je suis d’accord aussi avec la non-généralisabilité de certains points, surtout l’obscurity. Cela étant, je suis personnellement partisane de la diversité, et donc favorable à un système qui favorise la visibilité de ceux qui en ont besoin quitte à être neutre ou légèrement négative pour ceux qui en ont déjà plein.

        Par contre pour « the world doesn’t owe the publishing industry a living », je crains d’avoir compris ça d’une autre façon que la tienne, ou alors je ne vois pas « se passer de nouveaux contenus », les « généreux mécènes » et l’« amour de l’art » comme des alternatives : ces deux possibilités me semblent faire référence à la rémunération des auteurs plus que ceux des éditeurs.

        Les alternatives aux éditeurs actuels me semble simple : « déconverger » leurs différentes fonctions :
        – la conception du livre à partir du texte original (mise en page, typographie, éventuellement couvertures, etc) me semble être l’affaire de gens spécialisés qui travaillent au forfait, payés par l’auteur, ou alors ce dernier apprend à faire ça lui-même ;
        – la mise à disposition du livre numérique issu de l’étape précédente est techniquement du même ordre que la mise à disposition d’un espace web personnel quelconque, d’un VPS ou d’un dédié, et devrait donc fonctionner de la même façon, aux frais de l’auteur,
        – l’optionnelle fabrication de livres en papier à partir du livre numérique me semble déjà exister pour les petits volumes (« impression à la demande » il me semble), et pour les grands volumes il s’agirait probablement de trouver des investisseurs (kickstarter ? mécène ?) ou des gens du point suivant ;
        – et le point où les éditeurs prétendent avoir vraiment une valeur ajoutée, la sélection et la promotion commerciale. Le grand ‘ternet est déjà bourré de gens qui font ça gratuitement et parfois bien, ça suffit à faire des bidules « viraux » qui marchent bien ; mais à ce stade il me semble malsain de confondre le service aux lecteurs (sélection de trucs qui ont de bonnes chances de leur plaire) et donc logiquement à leur frais, du service aux auteurs (promotion commerciale brute).

        Forte de cette vision du monde, je suis très tentée de répondre que non, je n’ai pas besoin d’éditeurs : les points 1 et 2 m’intéressent assez pour les occuper moi-même (en tant qu’auteure), le point 3 ne m’intéresse pas (ni en tant que lectrice ni en tant qu’auteure), et pour le point 4 j’ai suffisamment de connaissances qui s’en chargent gratuitement par rapport à ma vitesse de lecture pour ne pas avoir besoin d’autre sélection, et je me passe plus-que-volontiers de pub’.

        Maintenant, les choses étant ce qu’elles sont dans le monde réel (de merde), je suppose que le pouvoir est verrouillé par la classe qui le manie, et que je peux continuer de rêver dans mon coin sans que rien ne puisse se passer.

      2. Moi, j’aime bien les éditeurs, justement pour la sélection, voire pour la promotion (parce que pour moi une bonne promo c’est aussi du service au lecteur, c’est l’auteur qui se balade en librairies ou en salons pour causer ou faire des dédicaces ou les deux, et c’est aussi un moyen de créer du lien dans la « communauté » éditeur-auteur-lecteur). Et je parle même pas de problématiques de « qualité » (parce que c’est très subjectif en pratique aussi), mais juste le fait d’avoir une affinité avec certaines maisons plus qu’avec d’autres. C’est particulièrement vrai dans le technique (on sait tous où sont les bouquins et les collections qui nous vont et celles qui nous vont pas), c’est aussi vrai pour le roman (je sais que les bouquins publiés par telle maison me plaisent généralement plus que ceux publiés par telle autre).

        J’avoue que j’ai aussi eu une période où j’étais pas vraiment convaincue de la pertinence de la survie des libraires à l’époque de la FNAC et surtout d’Amazon. Et puis je me suis retrouvée à retourner à la librairie, et à y lâcher une certaine quantité de pognon – et pourtant, les bouquins sont hors de prix en Suisse. Il se trouve que la librairie en question fait un excellent boulot en termes de mise en avant de trucs nouveaux, anciens, marrants, et autres, et que j’ai réellement fait des découvertes par leur biais, et probablement des choses que j’aurais pas vu passer sur Amazon (parce que ça ressemble pas nécessairement à ce que j’achète d’habitude et c’est tout l’intérêt) ou à la FNAC (question d’échelle, une FNAC c’est trop gros, en fait). Alors j’y achète évidemment pas tous mes bouquins, mais je suis contente que ces gens-là soient là. L’argument « demandez à votre libraire il saura vous conseiller » m’a toujours laissée de marbre parce que, vu ma propension à aller demander un truc à un GENS que je connais pas, ça marche pas, mais si mon libraire il me met des petites cartes en dessous des bouquins qu’il conseille avec trois mots pour me donner envie de lire le bouquin (ou pas du tout, c’est valide aussi), et ben c’est chouette. Mais bon, encore une fois, je divague (vague).

        Je crois qu’en fait, sur le coup de l’industrie de l’édition, j’ai pris les choses au sens plus large des créateurs de contenu. La littérature a ceci de particulier qu’elle peut demander un coût à peu près nul (à part en temps, mais c’est commun au reste aussi) pour être produite et distribuée (surtout en numérique). Mais dans ma tête, j’avais je crois le problème de la production de contenus en général – parce que si on doit rien à l’industrie du livre (ce qui est une position tout à fait valide, hein), on doit rien non plus à l’industrie de la musique, du cinéma ou des séries télé, ya pas de raison. Et là pour le coup ça me chagrine un peu parce que la question du pognon comme nerf de la guerre me semble vachement plus présente.

        Bref, comme d’habitude, je prends un statement assez brutal et arbitraire, j’en fais un « ouimécépasisimple » en divergeant violemment dans tous les sens, tout en restant quand même globalement d’accord mais pas tout à fait 😛

      3. J’ai peur de ne pas avoir été claire sur le fait que je considère le rôle de sélection comme étant effectivement une valeur ajoutée (valeur variable suivant l’affinité avec celui/ceux qui font la sélection), seulement je n’en ai pas personnellement besoin (pour l’instant). Je n’appelle pas à leur disparition, pas plus que je n’appelle à la disparition des fabricants de vêtements de taille 38, dont je n’ai absolument aucun besoin non plus.

        Par contre je pense qu’il serait vraiment bienvenu de faire une séparation claire des tâches comme je les ai listées.

        Et plus particulièrement sur la séparation entre promotion et sélection : est-ce que la petite flèche sur ce livre est mise par quelqu’un qui trouve ça bien ou quelqu’un qui a été payé pour ça ?

        Autrement que la sélection soit faite par quelqu’un qui accessoirement te vend des bouts d’arbres morts, par quelqu’un qui accessoirement vend des mètres cubes d’arbres morts aux libraires, ou par quelqu’un qui ne touche pas aux arbres morts, ça reste le même service, même si certains auraient plus d’affinités pour (la sélection de) les uns ou les autres.

        La communauté, c’est plus compliqué, et je n’en ai pas vraiment d’expérience personnelle, donc je ne m’avancerais pas sur le sujet. Cependant je pense qu’il s’agit plutôt de sélecteur-auteur-lecteur, car les autres rôles me semblent purement techniques et n’avoir rien à faire là.

        Enfin en réponse à tes deux derniers paragraphes, je suis complètement partisane du soutien aux créateurs de contenu. J’ai juste un énorme scepticisme envers la pertinence des distributeurs-pas-créateurs de contenus. La création je suis pour, la sélection aussi, la recherche de talents aussi, l’investissement dans les petits nouveaux prometteurs aussi, la distribution de papier peut-être même aussi ; mais se goinfrer dans la distribution numérique pure, non merci, le Réseau fait ça beaucoup mieux.

        Je ne dois rien aux distributeurs de CD, je ne dois rien aux distributeurs de livres papiers correspondant à mes e-books, je ne dois rien aux émetteurs de télé’ analogique, je ne dois rien aux fabricants de cassettes audio, et s’ils disparaissent je ne les plaindrai pas.

      4. Bon, ayé, a compris. Je comprends vite mais faut m’expliquer longtemps. Le problème, quelque part, c’est que la sélection chez l’éditeur « utilise » le fait qu’ils font tout ce boulot « annexe ». L’éditeur, tout ce qu’il dit, c’est « ok, je prends le risque commercial de passer quelques heures à la correction et à la mise en page de ce truc, d’en faire un truc vendable, éventuellement de l’imprimer, éventuellement de filer une avance à l’auteur, et j’espère bien que je vais rentrer dans mes frais, voire faire du bénéfice, et je fais de la pub pour tenter de garantir ça ». En découpant comme tu le suggères, comment ça marche ? Quelque part, on pourrait considérer que le rôle de « sélectionneur » serait déjà joué par le métier de critique littéraire, non ? Sans la question du risque financier engagé par l’éditeur (au sens actuel), qu’est-ce qui fait que le sélectionneur a intérêt à tenter de juger en son âme et conscience si un bouquin « vaut » d’être sélectionné/édité, plutôt que de se contenter de sélectionner les bouquins des auteurs qui lui filent le plus de dessous de tables ? Je dis pas que c’est pas une pratique qui se fait à l’heure actuelle ; les accusations de copinage dans le milieu de l’édition sont courantes ; je dis pas que ça se fait non plus, mais justement la question du risque financier tel qu’assumé par l’éditeur me paraît mitiger les choses.

        Bref, sur le concept, je dis « pourquoi pas », mais je fais suivre ça d’un « sous quelles modalités et comment on garde un machin qui marche raisonnablement ? » (parce que je reste convaincue que le système actuel marche raisonnablement. Pas optimalement sans doute, mais raisonnablement. Et je dis ça en tant que lecteur et en tant qu’auteur.)

  2. Bonjour,

    Et bien, me voici donc moi l’auteur du post original (en fait sur mon propre blog).

    La question m’intéresse à plusieurs titres : juriste, écrivain, lecteur…

    En tant qu’écrivain auto-édité, j’ai une ambition : à terme, ce serait de pouvoir vivre de ma plume… donc vendre.

    Lorsque j’ai commencé à utiliser la plateforme Kindle Direct Publishing, l’option « activer les DRMs » était cochée, j’étais pressée… j’ai laissé.

    Et puis, je me suis posée plein de questions…

    Quand j’ai refait quelques semaines plus tard la présentation de mon livre –Le marchand de la mort– j’en ai profité pour décocher la case « DRM » : donc, il est libre de DRM.

    J’ai fait le pari de la confiance…

    j’ai aussi fait le pari que je voulais moi créer une relation avec mec lecteurs (en tout cas, ceux qui me suivront dans le Cycle de Xhól dont Le marchand de la mort n’est que le premier tome).

    J’ai donc un blog, une chronique du samedi matin, un page facebook… pour créer un lien. Un lien avec des gens qui apprécient vraiment ce que je fais et mon projet. Et je leur fais confiance à eux pour acheter le livre sur Amazon (libre de DRM) et l’utiliser d’une manière « éthique ».

    Il me semble finalement que c’est ça le plus efficace.

    En tout cas, c’est le pari que je fais!

    Bon dimanche,

    Cécile

    PS : c’est sympa d’avoir rebondit sur la balle 😉

    1. Oui, je pense aussi que créer un lien est une façon de faire marcher les choses – on a forcément plus de scrupules à faire dans le « non éthique » comme tu dis quand on « connaît » la personne en face…

  3. Le DRM est une aberration morale, une insulte au client, et aussi une aberration économique : par rapport au produit piraté, le produit verrouillé il a *moins* de valeur : difficile à copier, à conserver, à transférer, pas garanti d’être encore lisible dans N années, etc.

    Dans ma jeunesse c’était pareil : une nouvelle version de l’Atari 520 ST était sortie, il était incompatible avec nombre de protections de jeux existants (ou plutôt l’inverse). Les jeux piratés, eux, fonctionnaient. Ma génération a dû être la première à apprendre qu’on était puni pour rester dans la légalité.

    Les dongles ont disparu de la plupart des logiciels.
    Il n’y a plus d’anticopie sur les CDs (on m’en a remboursé qui ne passaient sur mon autoradio — mais qui se rippaient sans problème).
    Il a fallu attendre la fin des DRM pour que la musique en ligne décolle vraiment.
    Le numérique est un éternel recommencement.

    Le seul DRM que je trouverais acceptable serait celui qui se déverrouille définitivement et automatiquement au bout de, disons, 3 mois (temps des principales ventes). Et encore.

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