J’ai dit que je parlais de séries, alors je vais commencer par celle que je suis en train de re-re-regarder en ce moment, c’est-à-dire The West Wing, en français À la Maison Blanche.
The West Wing est une série qui a été diffusée aux US de 1999 à 2006, et qui raconte le quotidien du personnel proche du Président des États-Unis, Josiah « Jed » Bartlet. C’est aussi une série qui est dans mon top 5 personnel, peut-être même dans mon top 3. C’est drôle sans être comédique, parfois tragique, c’est une des rares séries dont certains épisodes m’arrachent toujours une larme ou dix au troisième visionnage, et me faire rire aussi dans le même épisode. Les personnages sont dans leur immense majorité très attachants et crédibles dans leurs actions. Le ton est hyper-optimiste, et c’est probablement ce qui est le plus reproché à la série : Aaron Sorkin a une vision de ce que la politique pourrait (et devrait ?) être idéalement, et il manque parfois (souvent ?) de subtilité à l’exprimer. Ça aide probablement d’avoir le même genre d’opinion et de vision, et je comprends que le côté « sermonnant » puisse agacer, mais pour moi ça fait aussi partie de l’attrait et du « quand même, si les choses se passaient comme ça, ça serait vachement cool ». Je crois que j’ai aussi plus appris sur le fonctionnement des institutions aux États-Unis que par le biais de n’importe quel autre support 😉
Bref, après ces généralités générales, on va parler un peu du contenu 🙂
Ce qui suit n’est pas garanti sans spoilers
West Wing suit grosso modo une structure « le problème épineux de la semaine et quelques arcs de saison » – un classique qui a fait ses preuves, je suppose.
La série commence par une annonce plutôt cryptique : « POTUS a eu un accident de vélo ». Juste avant le générique du premier épisode, le sigle POTUS est finalement décliné en « Président Of The United States ». C’est un peu artificiel, au sens où je crois que le sigle n’est jamais réutilisé de toute la série, mais j’aime beaucoup cette introduction des personnages (qui apprennent tous plus ou moins en même temps que le Président s’est bouffé un arbre à vélo).
La première saison commence à peu près au milieu de la première année de la présidence de Josiah Bartlet, et le personnel prend encore ses marques. Les premiers épisodes sont difficiles à suivre au premier visionnage. Il y a pas mal de monde, on a du mal à cibler qui est qui et qui fait quoi, et surtout tous ces gens parlent très très très vite. On s’y fait assez rapidement. Un des épisodes les plus marquants de cette première saison est Mr. Willis of Ohio, où le Président fait une tirade magistrale à sa fille Zoey en lui expliquant que le cauchemar, ce n’est pas qu’il soit lui assassiné, c’est qu’elle soit elle kidnappée. Dans He Shall, From Time To Time, on apprend aussi que le Président a une sclérose en plaques – un élément qui aura pas mal de conséquences pendant le déroulement de la série.
Le gros arc de la deuxième saison y est d’ailleurs lié. Le fait que le Président ait dissimulé sa maladie, voire ait menti, n’est pas pris à la légère du tout du tout. Dans cette deuxième saison, j’ai un faible pour l’épisode Shibboleth, déjà parce qu’il m’a appris le mot, et puis parce qu’il y a une dinde, une histoire de couteau, et que c’est plein de bons sentiments. 18th and Potomac et Two Cathedrals sont aussi dans cette saison – le décès de Mrs Landingham, l’assistante personnelle du Président, est vraiment un moment très émouvant.
La saison trois commence par un épisode « hors du temps », Isaac and Ishmael, diffusé peu après les attentats du 11 septembre 2001. C’est probablement un des épisodes les plus « sermonnants » de la série, la Maison Blanche se retrouve verrouillée en raison d’une menace terroriste, personne ne peut rentrer ni sortir, et surtout pas la classe d’étudiants qui se trouvait être dans le coin et à qui il faut tout expliquer. C’est aussi l’heure de commencer la campagne pour la réélection, qui est a priori loin d’être gagnée au vu des histoires de sclérose en plaques. Posse Comitatus voit aussi l’arrivée de Debbie Fiderer, la remplaçante de Mrs Landingham.
Le début de la saison quatre est consacrée à la campagne de réélection et, vu la longueur (en saisons) de la série, ce n’est pas vraiment une surprise que Jed Bartlet soit réélu. Peu d’épisodes vraiment marquants « en soi » dans cette saison (qui reste globalement d’excellente facture, me faites pas dire ce que j’ai pas dit), à part les derniers – le cauchemar est devenu réalité et Zoey a été enlevée. La saison se termine alors qu’un Président d’intérim a été désigné, Jed Bartlet se considérant comme inapte à la tâche au vu des circonstances. C’est aussi le dernier épisode écrit par Aaron Sorkin ; de l’avis général, les saisons suivantes sont plutôt plus faibles.
La saison cinq commence par régler le problème « Zoey » (tout se termine bien). Dans les épisodes marquants, Han – un musicien nord-coréen en tournée cherche à obtenir l’asile, et un nouveau vice-président (et ses bottes) est nommé – un épisode à la fois touchant et drôle. Il y a aussi Access – tourné à la manière d’un reportage sur le quotidien du personnel de la Maison Blanche. Un peu méta, mais j’aime bien le méta 🙂
Dans les saisons six et sept, on commence à voir apparaître le successeur présumé (du moins du côté démocrate) de Jed Bartlet : Matt Santos. On le sent pas hyper-motivé au début, mais Josh (vice-bras droit ? c’est un titre, ça ?) sait se montrer convaincant, et on suit litéralement la « construction » du candidat Santos. Du côté républicain, on fait la connaissance du candidat également, Vinick – qui est très clairement l’idéal du républicain intelligent – la critique du parti républicain « actuel » est à peine voilée. On se prend même à trouver qu’il se pourrait que Vinick gagne, et que ça ne serait pas le pire truc qui puisse arriver. L’esprit général semble être de montrer ce qu’une élection qui ne soit pas une élection « par défaut parce que le camp d’en face c’est vraiment un connard » pourrait donner, et c’est fondamentalement bisounours et tout, mais c’est bisounours au point d’être déprimant que ça soit pas plus comme ça dans la vraie vie. Ce qui était d’ailleurs a priori le plan, jusqu’au décès inopportun de John Spencer, qui joue Leo McGarry, le « bras droit » du président Bartlet (et qui était sur les bulletins de vote en tant que vice-président). Gros moment très triste de la série aussi, évidemment. La série se termine sur l’inauguration de la présidence de Matt Santos.
Bon, je suis pas vraiment satisfaite de ce résumé, parce qu’en relisant ça, je crois que ça donne pas vraiment forcément envie de regarder la série. Probablement parce que je parle des événements plutôt que des personnages, et que c’est nettement une série « à personnages ». Le Président joué par Martin Sheen est fantastiquement bien écrit et bien joué. C’est un type très érudit, assez nerd dans son genre, qui se fout parfois dans des colères justifiées-ou-pas, et qui a l’ampleur qu’on attend dans le rôle. Leo McGarry, joué par John Spencer, est son bras droit ; c’est aussi son meilleur ami, un alcoolique en rémission, et essentiellement la figure paternelle de tout le reste de l’équipe. Josh Lyman (Bradley Whitford) est son sous-fifre direct – lui et Sam Seaborn (Rob Lowe) sont les archétypes des « bons gars » – qui font bien une connerie de temps en temps, mais qui sont globalement dévoués à la Cause avec un grand c. Et puis il y a mes préférés à moi, C.J. Cregg (Allison Janney), l’attachée de presse qui roxe des chatons et qui est peut-être la personne la plus humaine de la série, et Toby Ziegler (Richard Schiff), le directeur de la communication (et rédacteur de discours) grognon et profondément idéaliste.
Bref. J’aime beaucoup The West Wing, je suis contente d’avoir recommencé à le re-regarder, et écrire ce billet de blog m’a donné envie de m’en faire un épisode (ou deux, ou douze). Si vous ne l’avez pas encore vue, je recommande chaudement, avec la mise en garde que c’est quand même pas mal « bisounours sermonnant plein de bons sentiments » par moments, et que les sous-titres sont vraiment pas de trop, au moins le temps de s’habituer au rythme. J’ai pas vu le doublage français, donc je ne me prononcerai pas sur la question 🙂
Ce qui m’a frappée (violemment, j’ai encore des traces) quand j’ai découvert la série, c’est l’intelligence du concept. Ce n’est pas la seule série un peu fine, c’est vrai, mais elle appartient à un genre très minoritaire.
J’en connais à qui ça ferait drôle tous ces épisodes sans rires enregistrés, filles en maillots de bain ou mecs qui tirent sur tous les méchants qui passent.
C’est aussi une bonne initiation à la politique américaine. En plus, c’est vraiment aussi bien écrit que joué, ce qui est rare.
Bref, j’ai bien aimé aussi.