Murphy m’en veut personnellement

Je vois pas d’autre explication. Et je m’excuse pour ma série d’articles d’info théorique, j’ai pas eu le temps de m’y replonger ces derniers temps. Mais j’y pense. Bref.

Il y a trois semaines, on s’est fait réveiller à 5 heures du matin par un boucan phénoménal, et des trombes d’eau qui semblaient venir de… D’un peu au-dessus du bâtiment, et seulement d’un côté de l’appartement. À peu près comme ça, mais vu du bâtiment d’à côté et du 5e étage. Passées les premières suppositions (phénomène météo vraiment stupide, barrage qui a pété) (il était 5h du mat, ok ?), on finit par nous dire qu’une grosse canalisation a pété dans la rue. 60 cm, suffisamment de bars pour monter jusqu’au 6e étage, et paf, ça pète devant la porte de mon immeuble. Bon. Il se trouve qu’on a un petit balcon sur l’appart, et que ce petit balcon est entouré d’un mur. Pas d’une grille, non, d’un mur. Avec un petit trou de 2-3cm pour laisser évacuer l’eau. De pluie. Parce que le petit trou d’évacuation, il fait pas le malin face à un torrent de flotte qui embarque avec lui des morceaux de route. (On a plus tard retrouvé un pavé de 2,5kg sur le balcon.) Le balcon s’est rempli aux 80cm de sa hauteur en quelques minutes.

Évidemment, derrière le balcon, il y a une porte fenêtre. Sinon c’est pas très utile d’avoir un balcon. Les joints de la porte fenêtre, ils ont pas non plus longtemps fait les malins devant les 80cm de flotte du balcon. (Ils font techniquement pas vraiment les malins quand il pleut beaucoup non plus). L’eau a commencé à rentrer. C’est à peu près à ce moment là que Pierre m’a dit « habille-toi » (encore une fois, 5h du mat), « on se casse ». On a récupéré au passage nos sacs à dos (contenant portefeuilles, divers machins et… laptops), Pierre a tenté de colmater vaguement la porte entre le salon et le reste de l’appart avec ce qui traînait (nos peignoirs, essentiellement), et on est descendus. Par l’escalier, normalement. Au fur et à mesure de la descente, de plus en plus d’eau – évidemment, tout le monde a les mêmes balcons, et tous les appartements commencent à déborder. L’arrivée au rez-de-chaussée reste une image assez terrifiante pour moi. On a déboulé là-dessus :

IMG_20130328_053412Avec les vagues, la porte qui battait, et le bruit de l’eau qui continuait à  se déverser dans la rue.

On a pris notre courage à deux mains, et on est sortis du bâtiment (pas par cette porte là, ça aurait probablement été dangereux, mais il y a une porte derrière qui était au sec).

Notons que l’eau froide à hauteur des genoux, quand il fait nuit et qu’il fait froid, ben ça fait froid. Et là, on sort du bâtiment, et il se met à NEIGER. Dru. On se promène un peu autour du pâté de maisons, on finit par retourner du côté de chez nous pour voir l’eau se déverser dans la rue.

On a fini par voir le niveau d’eau de la « fontaine » décroître progressivement. Il a fallu 1h20 pour réussir à couper l’eau. (C’est apparemment pas évident de couper l’eau sur une conduite de cette taille, si on veut éviter les problèmes en cascade en amont…) Il est estimé que 15 millions de litres d’eau se sont déversés sur l’immeuble et sur la route.

On s’est finalement fait ramasser par un bus de la protection civile, ils nous ont filé du café, des fringues sèches le temps que les nôtres passent au sèche-linge, et un petit-déjeuner. On  est restés avec eux jusque 16h, à peu près – c’est encore eux qui savaient le mieux ce qu’il se passait. On a été très soulagés quand ils nous ont annoncé que la statique du bâtiment n’avait pas souffert, et qu’on allait pouvoir au moins repasser chez nous.

Vers 16h, on a pu retourner à l’appartement. Les gens de la voirie étaient en train de remettre du bitume au-dessus de la canalisation réparée, et les équipes de rénovation commençaient à s’organiser. Ils nous avaient dit de nous préparer au fait que tout serait ruiné et que l’eau coulait depuis les plafonds. La montée des 5 étages s’est faite avec une grosse boule dans l’estomac. Heureusement, nos voisins du 6e n’avaient pas de balcon, n’ont pas eu d’eau chez eux, et n’ont donc pas dégouliné chez nous. Les dommages sont restés limités au sol. Nos voisins des étages inférieurs ont été moins chanceux.

Le niveau d’eau est monté à 20cm dans le salon (là où il y avait le balcon), et quelques centimètres dans le reste de l’appartement. Quand on est montés, ils avaient déjà pompé toute l’eau. On a été très soulagés de voir que, comparativement, peu de choses avaient souffert. Mes bouquins étaient restés au-dessus du niveau de l’eau, et nos jeux de plateau… aussi 🙂 Les ordinateurs semblaient ne pas avoir pris l’eau dans leurs boîtiers. (Depuis, Pierre a diagnostiqué que sa carte mère n’avait pas survécu…)

Ça fait donc un peu plus de trois semaines que notre appartement n’est plus habitable. Entre temps, il a été vidé (faire l’inventaire et évaluer l’année et le prix d’achat de tout ce qui traînait a été épique…) ; quelques meubles ont déjà fini à la benne (l’agglo, ça aime pas l’eau. Les canapés non plus.), le reste est dans un entrepôt quelque part en banlieue. Maintenant, on attend que l’entreprise de rénovation fasse son boulot. À l’heure actuelle, les appartements de l’immeuble ont plus ou moins tous été vidés et débarrassés de leurs planchers (les planchers flottants, c’est VIEUX, nous on avait un plancher À VAGUES !) et du crépi/de la tapisserie des murs. On est raisonnablement sûrs que le bâtiment ne va pas être détruit, mais on n’a pas vraiment d’information officielle sur le sujet. On n’a pas non plus d’information sur le temps que ça va prendre. Probablement encore plusieurs mois ; on espère que le nombre de mois sera limité à 2 ou 3, mais on ne sait pas.

Jusqu’ici, on a squatté chez des copains qui ont eu la riche idée de partir en vacances au moment où on avait besoin d’un endroit pour se poser. On a aussi les clés d’un petit meublé pas trop loin (c’est petit, c’est cher, et les types qui ont fait l’ameublement et la déco fument des arbres par paquets de 12, mais ya un toit, un lit, et un accès à Internet.)

On déménage là-bas aujourd’hui, on doit avoir trois ou quatre allers-retours à faire pour trimbaler tout notre bordel. Il faisait 25°C avant-hier. Ce matin, il neige.

6 commentaires sur « Murphy m’en veut personnellement »

  1. Le cauchemar. Toutes mes condoléances pour la carte mère mais ça se remplace.

    C’est là qu’on voit l’intérêt de sauvegardes déportées.

    Vous êtes deux jeunes sans enfants pas désargentés, vous en rigolerez plus tard. A 80 ans ou avec deux moutards en bas âge, le matériel perdu, ça aurait été bien plus drôle.

    Vous n’êtes pas proprio ? Ce serait le moment de déménager tant que vous y êtes, à mois d’être vraiment bien dans cet appart précis. (A moins que tout le quartier ait subi le même sort…).

    Bon courage avec les assurances, c’est là qu’on voit si elles sont réglo.

  2. @rabbit ben ya un bouton Flattr 😉 Nan ? bon.

    @Alice merci…

    @Christophe ouais, la CM se remplace, c’est juste chiant. Sans compter qu’il faut aussi décider s’il vaut mieux racheter une CM ou une babasse (c’était pas vraiment du matos très récent). ET on a même des sauvegardes déportées, sisi. Et à jour. Sisi.

    Pour le fait d’en rigoler plus tard, quelque part, on en rigole déjà – enfin, la situation est pénible, mais ne manque pas d’un certain sel. Se faire inonder au 5e étage par de l’eau qui vient d’en-dessous, il faut le faire ! Et, comme tu dis, on a beaucoup de chance quant à notre situation personnelle. Nos voisins d’en-dessous ont 80 ans+, il y avait aussi des enfants pas très âgés dans le bloc de bâtiments, et une femme très très enceinte (genre elle a dû accoucher entre temps) dans notre bâtiment aussi…

    Déménager, on y a vaguement pensé – on a même été visiter un autre appart (qui avait du potentiel mais un défaut non négociable – une pièce en mezzanine avec un plafond vraiment trop bas). Mais on est vraiment bien dans cet appart précis, comme tu dis – Pierre est à 10 minutes du boulot à pieds, ya une Coop juste en face pour faire les courses, c’est pas trop mal desservi par les transports, les voisins sont pas chiants (bon, ça ça peut changer), … et le marché de l’immobilier zürichois est assez catastrophique (à la fois en termes de prix et de « concurrence » entre les locataires – sans même parler du bordel de paperasse que certains bailleurs demandent). C’est pas encore dit que c’est pas ce qu’on va faire – s’ils nous annoncent à un moment encore six mois de travaux, on se bougera probablement nettement plus. Là… on a l’espoir de pouvoir rependre la crémaillère d’ici deux-trois mois – c’est peut-être optimiste, seul le temps nous le dira… Et non, le reste du quartier va bien, c’est juste notre bâtiment et les deux de chaque côté (qui forment en fait un seul bloc) qui ont morflé.

    Les assurances, c’est encore tout un autre problème, et on ne s’en est pas encore beaucoup occupés pour l’instant – on a peu de dégâts, c’est du dégât exceptionnel qui va être peu remboursé parce que c’est l’assurance de la ville qui joue et que c’est des fomblards qui remboursent sur la valeur « amortie » – autant dire que mes étagères IKEA que j’ai achetées il y a plus de 5 ans, je peux toujours me gratter pour toucher quoi que ce soit dessus. Ya probablement moyen de négocier avec une assurance ou l’autre, mais on n’a pas encore non plus la liste définitive des dégâts – un certain nombre de trucs sont partis à l’entrepôt de la boîte de rénovation pour « évaluation », c’est possible qu’ils reviennent pas. (Genre mon frigo à bières qui a pris 20cm de flotte dans la gueule, je sais pas si je vais le revoir.)

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