Ma guitare namoi

Ça doit faire deux ans, à peu près, que j’ai commencé à faire joujou avec une guitare. Je dis deux ans, parce qu’il y a à peu près deux ans sur Twitter, je râlais que le A (l’accord) (me demandez pas la correspondance française, j’en sais rien) était ma nouvelle Némésis – et si je me souviens bien ça doit être à peu près le 3e accord que j’ai appris à jouer.

J’ai commencé à bricoler un peu par moi-même, avec une guitare électrique que Steve m’avait prêtée ; au début, je sortais le son sur la chaîne du salon ; c’était pas super optimal, mais, bon. J’ai acheté quelques bouquins, et j’ai bricolé pendant 4-5 mois, je dirais.

Le 24 juin 2011, j’ai pris ma première leçon de guitare 🙂 (Pour la date, j’ai été rechercher dans mon archive Twitter – ils ont par ailleurs bien fait les choses sur l’exportation et la recherche…). Et une semaine après, ayant entendu la différence que ça faisait d’avoir un vrai ampli plutôt qu’une chaîne au cul de la guitare, j’ai acheté un petit ampli rouge choupi (un Roland Microcube). Peu de temps après, Steve s’est racheté une guitare acoustique – une Washburn tout à fait sympathique, et il me l’a prêtée pendant un bon moment, en parallèle à l’électrique. J’ai joué avec les deux, et… Ben au final, j’ai trouvé que l’acoustique avait, paradoxalement, plus de polyvalence que l’électrique. Je sais pas trop comment expliquer ça. Probablement par le fait que tu PEUX faire des solos de ouf sur une acoustique, mais que gratouiller Kumbaya au coin du feu (je fais dans l’appel à l’imaginaire collectif, là), ben ça marche pas très bien avec une électrique.

Il y a un tout petit peu moins d’un an, j’ai acheté ma première guitare. Une acoustique, une Tanglewood Nashville III TD8. Je me suis sentie un peu ridicule dans le magasin, à tester des guitares avec trois accords et deux exercices de base – et à avoir la mâchoire qui se décroche en voyant le vendeur accorder la guitare en 20 secondes chrono sans accordeur 😉 (Je sais toujours pas accorder à l’oreille, d’ailleurs.) Mais le truc qui m’a le plus étonnée, c’était d’avoir un avis sur ce que j’aimais bien et sur ce que je n’aimais pas. Je m’étais dit que si la Washburn était toujours disponible, je prendrais la même – bon, c’était pas le cas, donc j’ai testé. Et j’ai craqué sur la Tanglewood, qui m’a paru avoir un son clair, propre et presque « girly » – ce qui ne veut STRICTEMENT rien dire, mais c’est l’impression que j’ai eue.

Je suis rentrée à la maison en faisant un câlin à la boîte dans le tram. (Vraiment.)

Quelques mois plus tard, le drame. Yoann me fait remarquer qu’elle a un truc bizarre sur les aigus. Plus spécifiquement, ça fait le même son sur deux notes différentes. C’est pas censé faire ça. Il me montre – effectivement le manche est un peu vrillé. Je montre ça à mon prof de guitare – il confirme, le manche est vrillé, option « merde, j’ai jamais vu ça ». Il me dit que selon toute probabilité je suis bonne pour un échange. Je retourne à la boutique, je ramène la guitare, le vendeur tente de bricoler un peu, « heuuu non là faut que ça reparte chez le fabricant, je peux rien faire. » Quinze jours plus tard, ils me rappellent, j’y retourne. Il y a effectivement eu échange standard. C’est très con, mais ça m’a fait très drôle. Pour à peu près aucune raison – elle est… identique. Mais… ben ça m’a fait drôle.

Il m’arrive de penser que j’espère que ma guitare namoi ne m’en veut pas trop de la torturer si violemment alors qu’elle aurait pu tomber dans les mains de quelqu’un qui sait jouer. Quand ça lui arrive elle fait d’ailleurs de très jolis sons 🙂 J’envisage à l’occasion de lui faire quelques infidélités et d’aller refaire un tour du côté de l’électrique. Mon petit ampli rouge me manque un peu, il fait des choses rigolotes.

Et donc, j’apprends. J’apprends pas très vite, parce que j’avoue que je travaille pas beaucoup. Le fait d’avoir un cours par semaine aide à maintenir un peu le rythme – c’est jamais agréable d’arriver et de pas y avoir touché du tout pendant la semaine. Je commence à avoir de vagues notions de solfèges (très vagues) – mes restes de collège étaient loin, et en do-ré-mi-fa-sol, alors que visiblement il n’y a qu’en France qu’on fait ça, le reste du monde est calé sur ABCDEFG. Allez comprendre. Et… je progresse. Pas vite (cf remarque précédente), mais je progresse. Je sais pertinemment que je ne serai jamais qu’une joueuse médiocre – parce que même si j’aime jouer, je sais que je ne passerai jamais les heures par jour nécessaires à devenir une joueuse potable.

Quelque part, ça a quelque chose de salutaire. J’ai eu l’énorme chance, pendant la majorité de mes études, de pouvoir plus ou moins me reposer sur le fait que je pigeais vite et bien. Ça m’a joué quelques tours (et ça m’en joue toujours). Mais je crois que je n’ai jamais aussi bien compris que « le travail, ça paye » qu’en tentant d’apprendre à jouer de la guitare. Et ça a quelque chose d’assez magique d’attraper une partition et de commencer à jouer et que ça fasse un truc qui ressemble à de la musique.

Ça fait quelque temps qu’on travaille sur Travels – un arrangement moins complexe que la version originale – et pour la première fois hier ça commençait vraiment à ressembler à quelque chose. C’est toujours assez nul, et c’est toujours pas très joli, mais ça commence à ressembler à quelque chose. Je suis aussi encore loin de jouer toutes les 5 minutes du morceau – le bout qui ressemble à quelque chose correspond aux 30 premières secondes de la vidéo YouTube 😉 Mais on avance, et mon objectif d’arriver à un truc potable sur ce truc commence à sembler abordable (c’était pas vraiment le cas il y a même trois semaines).

Il y a une semaine et demie, je me suis cassé la gueule dans un escalier en sortant de mon cours de guitare. Je sais plus exactement dans quel ordre se sont précipité les pensées suivantes : « aïe », « bon heureusement c’est pas le poignet qui a pris », et « putain ma guitare ». Il m’a fallu pas mal de temps pour avoir le courage en rentrant avant d’ouvrir le sac pour voir si elle avait pris un coup ou pas. La guitare va bien. Ma cheville commence à aller mieux.

19 commentaires sur « Ma guitare namoi »

  1. J’ai le même soucis de « je pige vite sans (trop) bosser », et probablement les mêmes déboires que toi sur le sujet. Moi c’est le tennis qui m’a mis sur la piste du « travail qui paye », la guitare j’ai abandonné depuis longtemps, au grand dam de mes enfants.

  2. J’ai aussi rencontré le « souci » de comprendre (et survire à la prépa’) sans bosser, mais je ne sais pas trop où j’en suis dans « travailler paye » (au cas où ce soit pertinent, je me souviens qu’au lycée je trouvais idiot d’utiliser mes « facilités » en math/sciences pour justifier mon passage en S, ça me semblait plus logique de m’envoyer en L pour progresser là justement je n’en ai pas).

    Par contre au niveau musique, à chaque fois que j’en entends parler, et encore plus à chaque fois que j’en entends jouer, ça me donne envie de m’y remettre. Et cette envie est systématiquement balayée par la certitude que je n’arriverai jamais à un niveau qui me satisfasse vaguement. « Le travail paye », ok, mais quand les diverses priorités rendent impossible de fournir suffisamment de travail pour sortir de la zone de médiocrité frustrante, ça décourage violemment.

    1. Je sais pas trop. C’est une leçon, aussi, quelque part. Je veux dire par là que je pourrais CHOISIR de mettre ça comme priorité, dans l’espoir de devenir moins nulle. Et que si toutes les heures que j’ai passées dans WoW ou à jouer à Bejeweled Blitz je les avais passées à bosser ma guitare, je serais probablement plus avancée que je le suis maintenant. J’apprends aussi à ne plus être frustrée par ma propre médiocrité, c’est probablement pas une mauvaise chose non plus 😉 (surtout quand je vois mon transcript de notes à l’ETH, mais c’est une autre histoire…) J’apprends aussi à me décourager moins vite, probablement. Bref, je vois aussi ça comme un exercice personnel, de m’autoriser à être nulle 😉

      1. En fait il faut bien que je m’autorise à être nulle, sinon mon autodévalorisation ne serait pas compatible avec la vie.

        Par exemple, je vis très bien avec ma cote PvP à World of Warcraft qui plafonne à 1400 (c’est en gros un système Elo, donc ~35% de chance de victoire contre un joueur moyen).

        La différence, c’est que je joue à WoW pour jouer à WoW, alors que je ne jouerais pas pour jouer de la musique, mais pour écouter la musique que je joue. Jouer pour gagner, en quelque sorte.

        De la même façon, je pourrais trouver suffisamment de temps pour atteindre un niveau en musique qui me satisfasse, mais ce serait en sacrifiant des activités que j’estime plus qu’écouter ma propre musique. Donc je garde mes activités et je me contente de succédanés (écouter la musique des autres ou savourer le silence).

        D’un autre côté, il y a des tas d’autres choses que je ne fais pas faute de pouvoir atteindre un niveau satisfaisant (par exemple, le poker ou la bourse), et ça me laisse de marbre, contrairement à la musique. Je suppose que l’idée de pouvoir faire jouer de la musique à niveau qui me satisfasse fait résonner mon manque de popularité artistique, contrairement aux idées homologues pour le poker ou la bourse.

  3. Faudra que tu me montres ça la prochaine fois que je viens à Zurich 😉 moi je ne sais plus trop à quel age j’ai pris conscience du « prendre le temps d’apprendre/faire ça paie » mais à 20 ans quand j’ai commencé la boule contact (après 4 ans à jonglé avec des objets divers et avariés) je m’étais donné 10 ans pour « apprendre » et avec le recul c’était une bonne durée 🙂 et j’ai aussi le même problème « je pige vite sans (trop) bosser » et ça m’a aussi joué des tours ! comme quoi 🙂

  4. en do-ré-mi-fa-sol, alors que visiblement il n’y a qu’en France qu’on fait ça, le reste du monde est calé sur ABCDEFG

    Pas tout à fait, c’est un peu plus compliqué que ça. ☺

    C’est plutôt le monde latin (hispanophone, francophone, lusophones, roumanophone…) que la France. Voir http://en.wikipedia.org/wiki/Solf%C3%A8ge#Fixed_do_solf.C3.A8ge pour plus de détails.

    D’autres part, C/Do reste souvent la note de départ dans les deux systèmes et on trouve plutôt CDEFGAB que ABCDEFG, ce qui permet relativement facilement de faire le lien (c’est juste une gymnastique d’esprit et avec l’habitude ça vient spontanément).

    1. Un peu. Je cherche un moyen de m’y remettre de manière un peu raisonnable/raisonnée (et so far je trouve pas 😛 )

      1. Rocksmith a l’air de bien marcher sur les gens que je connais et qui veulent s’y mettre sans avoir trouvé la motivation de poursuivre avant d’essayer le jeu. Il y a (en plus des morceaux) plein de petits jeux arcade où ta guitare devient la manette et ça te fait faire des exercices sans que tu t’en rendes compte.

      2. Ouais, ça fait partie des options. Le problème principal est que cette saloperie tourne que sous Windows (et donc faut rebooter, ce qui ajoute de la friction) ou sous console (et j’ai pas de console)… Et que j’ai l’impression que mon acoustique avec le pickup ajouté a posteriori marche moins bien que l’électrique que j’avais empruntée à un copain…
        first world problems 😛

      3. Ouais, mais « emploi plein temps 42h/semaine » + 2h+ de commute quotidien = « dur de caser ce genre de choses »… 😦

      4. Ouais ben en attendant je suis en train de tenter de faire tourner Rocksmith sous Linux… (Les internets disent que ça marche. Je suis pas d’accord avec les internets 😉 )

      5. Oh, ce serait cool que ça fonctionne (mais il te faut aussi un câble après). J’avoue que pour tout ce qui est jeu je ne me complique pas la vie, j’ai une Xbox 360.

        Si tu as le choix entre Rocksmith et Rocksmith 2014, prend le 2014.

      6. J’ai le câble, j’ai acheté le 2014 il y a quelque temps. Et c’est vrai que c’est pas mal (je dubite un peu sur l’acquisition de compétences qui se traduisent « hors jeu », mais y’a a minima les bouts de doigts et la souplesse qui jouent…)

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