Je connais pas mal de gens qui se sentent presque insultés (voire insultés tout court) quand on les associe au terme geek. Quand je vois le glissement sémantique qui s’est opéré, du moins en France, sur ce terme, ces dernières années, quelque part, je comprends. J’ai l’impression que le geek, de nos jours, c’est quelqu’un qui passe du temps derrière son PC, point. Y compris (et surtout, presque) si c’est pour causer sur MSN ou jouer à WoW (bien qu’il y ait à mon avis de vrais « geeks WoW », j’y reviendrai). Je dois dire que ça me chagrine un peu, parce que dans mon vocabulaire personnel, le geek est éminemment respectable — quelque part, c’est un peu mon idéal…
Donc, j’en viens à la question : dans mon vocabulaire personnel, qu’est-ce qu’un geek ? Déjà, c’est difficile à définir. Je suis capable de faire des ensembles dans mes amis et connaissances et de décider arbitrairement si quelqu’un fait à mon avis partie des geeks selon ma définition ou pas. Je vais pas faire dans le nominatif, c’est pas l’objet 🙂
Primo, pour moi, le geek a une connotation forte d’expertise. Quel que soit le sujet choisi, d’ailleurs – le geek sur son ou ses sujets est pas forcément imbattable, mais si on lui pose une colle, ça va l’énerver, il va vérifier, chercher, et après il saura. Il sait et sait faire beaucoup de choses et sait où chercher pour le reste. Ça va à mon avis avec : c’est aussi quelqu’un de curieux, intéressé par les domaines connexes comme éloignés de son domaine. Après tout, si des gens trouvent ça marrant, doit y avoir une raison.
Ça me permet une belle transition sur mon deuxième point : l’enthousiasme. Être expert dans un domaine qui t’ennuie, chez moi, c’est pas être geek. Exemple typique : un mec qui pond du code à ongueur de journée au boulot, qui y est raisonnablement (voire très) compétent (parce qu’il a pas mal d’expérience par exemple) mais à qui ça ne viendrait pas à l’idée le faire ça sur son temps libre (puisqu’il fait déjà ça 35-40h par semaine, faut pas déconner), n’est pour moi pas un geek. Enfin, pas sur ce domaine-là en tous cas. Pour le geek, son domaine de prédilection l’éclate profondément, c’est même probablement une des raisons pour lesquelles il est devenu expert dedans : ça l’amuse.
Pour finir, ya aussi une composante qui se retrouve, j’ai l’impression, dans beaucoup : un certain désir d’optimisation, une envie fréquente de « scratch one’s itch », de se faciliter la vie et d’éliminer les trucs agaçants. Ça, c’est peut-être plus vrai chez les geeks codeurs que chez les autres, mais je manque de stats 😉
Bref, tout ça pour dire que si je te « traite de geek », prends-le bien, c’est probablement parce que je t’admire (hum, ni l’inverse ni l’implication dans l’autre sens ne sont vraies, hein). Et les définitions précédentes impliquent qu’on peut être un geek sur beaucoup de domaines. Y compris WoW, d’ailleurs. Bon, le geek MSN, j’ai encore à rencontrer, hein. Je suppose que, dans l’absolu, ça peut exister 😉 Mais le geek cuisine, le geek photo et le geek LEGO existent, je les ai rencontrés 🙂
Et pour finir, un peu d’introspection : suis-je geek, selon ma propre définition ? Je crois pas. Je crois que je fail lamentablement sur les trois points. Je ne me vois pas d’expertise quelconque (j’ai plutôt une tendance à avoir de vagues notions de quelques trucs), je m’enthousiasme pour beaucoup de choses mais ça retombe souvent assez vite, quant au désir d’optimisation, je me suis retrouvée, ne serait-ce que la semaine dernière, à faire une centaine de copier-collers à la main plutôt que de dégainer un éditeur de texte et de bricoler un script probablement trivial (la flemme, sans doute). Et, quelque part, ça m’attriste un peu.
Après, au vu des constatations sur le sens actuel du mot, je peux comprendre que ça chagrine un peu. À l’heure qu’il est, j’ai pas vraiment mieux. Si vous avez, je prends 🙂
Excellent ! Entièrement d’accord. Le terme geek a dangereusement dérapé et c’est bien dommage car de positif il est devenu négatif. Merci.
Très bon billet. La connotation « ado boutonneux à lunettes scotché devant son écran » qui est actuellement donnée au terme de « geek », me navre autant que toi. Je te rejoins complètement sur la notion d’enthousiasme. Le geek est excité par le potentiel d’un produit, d’un service, d’un univers. Je le vois très touche-à-tout, à la différence du nerd qui serait plus monomaniaque. Je classerais d’ailleurs dans les geeks, des gens comme Vinci, Edison, Ader ou Queneau, bien qu’autant d’entre eux n’aient approché le moindre PC. Bref, pour moi aussi, geek est un qualificatif positif. =)
Faut quand même pas oublier que, à l’origine, en anglais, le terme geek est pas des plus flatteurs et s’approche probablement plus du « freak »… la « récupération » du terme sur des conotations plus positives n’est finalement que très récente également 🙂
Apparemment, « geek » viendrait de « geck » qui signifie « simplet ». Mais, bien sûr, ce n’est que pure médisance.
Et utiliser un clavier Bépo, c’est pas être un peu « geek », quelque part ? (optimisation de trucs agaçants). Sinon, je côtoie beaucoup de gens pour qui le simple fait d’avoir un « mac » et/ou de télécharger des séries US le lendemain de la diffusion US fait de vous un geek …
@raph Mon adoption du bépoè ne vient pas d’un quelconque agacement de la tronche de l’azerty, mais plutôt d’une recherche de confort dans mon outil de travail. Pas vraiment un problème d’agacement, plutôt de préservation personnelle 🙂 Comme ne pas utiliser Windows est meilleur pour ma santé mentale, quoi 🙂 Quant au deuxième point… bah, ouais, ça fait partie du glissement du terme énervant.
Assez d’accord avec cette définition du geek. Je débarque peut-être, mais l’_autre_ (l’utilisateur de PC), où est-ce qu’elle est apparue ? Dans quelle communauté ? Je n’ai jamais vraiment entendu quelqu’un employer geek dans ce sens là, sauf des gens qui, comme toi, racontaient que certains…
Je plussoie cette définition. Me faisant traité de geek de temps en temps, je me sens plus proche de celle ci :-). Au niveau nouvelle définition, c’est essentiellement la nouvelle génération qui l’utilise (j’entends à partir de la promo 2008 pour parler en école d’ingé). Les stagiaires que nous avons eus cette année utilisaient le terme geek dans le sens « MSN/gamer/kikoolol qui passe son week end devant le pc ». À mon grand désespoir …
C’est comme hacker : si tu connais la vraie définition, tu en es un vrai ou du moins quelqu’un du milieu. Après, que le commun des mortels confonde hacker et cracker, geek et nerd, montre que les geeks ont effectivement leur monde à part.
Ah oui : le glissement sémantique est peut-être né des « wannabee », ceux qui veulent être… mais ne le sont pas. Le script kiddie boutonneux se proclame hacker, le fana qui sait juste changer un disque dur et maîtrise Word se proclamera geek. Sans en être.
Me faudrait la longueur du blog pour répondre.
Prenons mon cas:
1) Je suis loin d’être un expert de quoi que ce soit, je m’intéresse à plein de domaines, je les étudie, et la prochaine marote écrase la précédente. donc sur ce pojt, au moins un demi-fail.
2) là, je plaide coupable, j’adore « savoir », que ce soit de la physique nucléaire, du modélisme ou de la peinture..
3) Le soucis d’optimisation, pour moi, c’est pas un geek, c’est un bon ingénieur. Le gros soucis que j’ai avec ce mot, c’est que l’on ne sait jamais ec qu’il referme. Des gens qui ont vu douze fois start trek vont se dire geeks, d’autre kikoolol msn aussi. Et certains (beaucoup) associent geek et « espèce de gros con asocial qui cause de trucs bizarres mais qui est est utile quand il faut se moquer de quelqu’un ou quand il y a un problème à régler ». Pour revenir au premier point, il y a plusieurs niveaux. On est toujours l’expert de qulqu’un et le sempaï d’un autre. Donc le fait d’être geek est biaisé par l’observateur : « je pipe rien à la thermo (c’est pas vrai, c’est un exemple), ce gars me parle de détente adiabatique, roh le geek ». A contrario, si tu maîtrises le cycle de Carnot aux petits oignons, ben la détente, c’ets la base et le gars n’est qu’un n00b. Donc pour éviter d’osciller entre geek, Nerd, freak, hacker, autiste, asocial, je préfère éviter les étiquettes, qu’elles soient sur moi ou sur un autre.
« Un spécialiste étant quelqu’un qui connaît de plus en plus de choses dans un domaine de plus en plus restreint, à la limite, le vrai spécialiste connaît tout sur rien. » Moi je suis l’inverse d’un spécialiste, je connais rien sur tout 😉 Je ne suis donc pas non plus un geek, malheureusement 😉
Tu oublies le côté «amateur de gadgets et du dernier cri dans son domaine de prédilection» qui à mon avis est un point important du geek (et celui que j’utilise pour réfuter l’appelation de geek qu’on me donne parfois). Tu oublies également que tu es une geek de la loi de Murphy.
Résumons :
Geek était un terme péjoratif
On se décarcasse pour qu’il devienne un terme positif
Le sens dévie et redevient péjoratif (être comparé à un mouton écervelé de mac-user… brrrrr et pardon aux ovins qui pourraient se sentir offensé par la comparaison)
On se décarcasse pour qu’il devienne un terme positif Je pense qu’on est tombé dans une boucle infinie
Il y a tellement de définitions du mot geek qu’on sent bien que ce ne sont pas des geeks qui se sont occupés de ça…
Pour moi, ça caractérise quelqu’un de passionné à l’extrême par des sujets qui n’intéressent pas le « commun des mortels ». D’ailleurs, pour moi, la « mode geek » c’est impossible.
Un mec qui te parle des aventures de Tintin pendant une demi-heure sans respirer, c’est un geek. Mon pote qui s’énerve pour des détails qui semblent a priori assez insignifiants, c’est un geek.
Très bien cet article sur la réflexion sur les geeks, mais le problème selon moi c’est qu’il y a trop de rumeurs qui tournent autour des geeks, les geeks à la base sont simplement des passionnés d’infos, mais on peut très bien utiliser le terme de geek pour des personnes passionnées dans un autre domaine que l’informatique et c’est ça qui porte à confusion bien souvent.
@Blogageek non, le geek à la base n’est pas un passionné d’info. Il est probable que le terme ait existé bien avant l’invention de l’informatique 🙂 À l’origine et dans le sens américain du terme, le geek s’apparente plutôt au freak et au phénomène de foire… Le terme de geek est certes, de nos jours, souvent relié à l’informatique, mais pour moi (et pour beaucoup) ça n’a rien d’obligatoire.