#balisebooks – Fin 2019

English version here: #balisebooks – End of 2019

Bon. Il semble assez évident que même tenter de sortir un #balisebooks par mois ne marche pas, puisque je n’en ai pas écrit un de tout le dernier trimestre 2019. En y réfléchissant un peu, je me dis que le problème n’est peut-être pas la fréquence, mais le fait que j’essaie d’être exhaustive – et du coup je finis par procrastiner parce qu’il y a des bouquins pour lesquels j’ai juste pas grand’chose à dire. Donc, on va tenter l’approche « non-exhaustive », dans laquelle je ne causerai que des bouquins dont j’ai vraiment envie de causer, et pour laquelle je me réserve le droit d’écrire des billets individuels si je veux (parce que jusqu’ici j’ai évité depuis que je groupe mes critiques dans des billets plus gros, et je veux plus m’imposer de l’éviter), et si vous voulez vraaaiiiiment savoir tout ce qui passe dans mes mains, vous pouvez jeter un œil à mon profil GoodReads. OK ?

How To: Absurd Scientific Advice for Common Real-World Problems – Randall Munroe

(pas encore de traduction en français) J’achète presque automatiquement les bouquins de Randall Munroe (connu pour xkcd), et en général sous forme papier, parce qu’ils ont suffisamment de contenu graphique pour que ce soit pas très confortable sur Kindle. Ce qui me met dans la position idiote d’avoir un bouquin, de vouloir le lire, et de ne pas forcément le lire rapidement parce qu’il est dans un format dans lequel je ne lis pas beaucoup. Ouais, je sais, c’est dur la vie.

Le sous-titre du livre (« conseils scientifiques absurdes pour problèmes pratiques communs ») est une assez bonne description du livre, avec des chapitres pour « comment déménager », « comment se faire des amis », « comment prendre un selfie »… mais aussi « comment construire des douves de lave » et « comment atterrir en urgence » qui sont probablement des problèmes moins communs que d’autres. Et, pour tous ces chapitres, Munroe joue avec sa version du « sketch avec de la Science! », part en vrille, considère les cas limites étranges et des manières… uniques de voir le problème. Pour voir ce que je veux dire, vous pouvez aller voir How to Send a File et rigoler un peu (à condition de parler anglais). Globalement, une lecture de vacances brillamment distrayante 🙂

Recommandé pour : les fans de xkcd qui apprécient l’approche absurde de Munroe; les gens qui aiment leur vulgarisation avec une (grosse) dose de poilade.

The Ten Thousand Doors of January – Alix E. Harrow

(pas encore de traduction en français) J’ai un truc pour les titres poétiquement intrigants, et celui-ci fait clairement partie de la catégorie : c’était un bon exemple de « j’ai lu le titre, je l’ai mis sur ma pile à lire ». Le titre (« Les dix mille portes de Janvier ») perd un peu de son mystère quand on réalise que January, c’est le personnage principal, et pas le mois ; mais les « dix mille portes » gardent leur attrait. Ce roman raconte les histoires entremêlées d’une petite fille qui trouve une Porte vers un autre monde, et d’un académique qui étudie les Portes en question. La prose est très belle, j’ai beaucoup aimé l’histoire, qui s’est trouvée également plutôt mémorable. Le rythme est plutôt lent, surtout au début – et pour que je dise ça, il en faut, parce que j’ai tendance à préférer les rythmes lents aux rythmes plus soutenus qui explosent dans tous le coins 🙂 J’ai presque abandonné après le premier tiers, mais je suis contente de ne pas l’avoir fait, parce que j’ai plutôt apprécié l’histoire de January.

Recommandé pour : les gens qui aiment les jolies histoires dans un environnement bien décrit, un rythme lent et une narration à plusieurs voix.

A Ticket for Life – Marzia Mura

(pas encore de traduction en français) Celui-ci est peut-être un peu à part, parce que ce n’est pas le bouquin le plus mémorable en soi, MAIS c’est une lecture tout à fait plaisante, et comme il est publié en auto-édition, il y a de bonnes chances qu’il ne soit pas sur le radar de beaucoup de gens.

C’est l’histoire de Theresa et Andrew, qui ont une vie parfaite dans une utopie parfaitement équilibrée, partie d’une communauté fermée du reste du monde, et qui ont de très bonnes chances de pouvoir vivre éternellement. Mais pour que l’utopie reste viable, il a fallu faire des choix – et le choix le plus dur pour Theresa est celui du contrôle des naissances qui s’applique à tous les habitants de la communauté. Le seul moyen pour elle d’avoir un enfant est de gagner une loterie, qui n’est déjà pas organisée souvent – et Theresa est bien décidée à faire pencher les probabilités en sa faveur.

Globalement, c’est un bon thriller, et l’univers dystopique est intéressant et bien fichu – si vous êtes d’humeur pour ce genre d’histoire, il y a de bien pires choix 🙂

Recommandé pour : les gens qui aiment les thrillers et les dystopies.

The City Born Great – N.K. Jemisin

(pas encore de traduction française) Une nouvelle disponible ici : The City Born Great. L’idée de base est que lorsqu’une ville devient suffisamment grande et suffisamment vieille, elle gagne une conscience et une vie propres. Et cette fois, c’est le tour de New York, et nous suivons l’histoire de sa sage-femme (qui n’avait pourtant rien demandé à personne.)

Honnêtement, c’est super bizarre. Eeeeeet c’est super bien. Ce qui est essentiellement ce que je peux dire de tout ce que j’ai lu de Jemisin jusqu’ici : c’est CLAIREMENT plus original et plus exigent que beaucoup de trucs que je lis, et ça en vaut TOUJOURS la peine. Y’a un roman prévu pour Mars qui s’appelle The City We Became, et qui commence là où cette nouvelle se finit – je l’attends avec impatience.

Recommandé pour : les gens qui aiment la belle prose, une écriture engagée, et qui aiment leur fantasy stimulante et originale. Et sinon, bah tout le monde, parce que c’est tellement court qu’il n’y a qu’à le lire de toute façon.

Open Borders – The Science and Ethics of Immigration – Brian Caplan and Zach Weinersmith

(pas encore de traduction en français) Comme pour Munroe, j’ai tendance à toper la plupart des trucs que Zach Weinersmith (connu pour SMBC) fait. Pour celui-ci, il a été très clair que c’était plutôt éloigné de ce qu’il faisait d’habitude – Open Borders EST une BD, mais c’est une BD à propos de politiques d’immigration, ce qui n’est probablement pas le sujet le plus simple à aborder (et pas le sujet le plus consensuel non plus). Dans Open Border, Caplan prêche pour l’ouverture complète des frontières et le fait de laisser immigrer n’importe qui n’importe où (bon, c’est assez spécifique aux US, tout de même). Il énumère les arguments les plus courants (et les autres) contre cette politique et propose des solutions/mesures pour répondre à la plupart des peurs, sans pour autant les minimiser. J’ai appris de trucs, ça m’a donné pas mal à penser sur certains points. Je ne m’attendrais pas à ce que ce bouquin change l’avis de gens qui sont profondément contre, mais il présente des arguments qui semblent solides et pragmatiques.

Recommandé pour : les gens qui s’intéressent aux questions politiques et sociales, qui pensent qu’ils manquent peut-être de contexte ou d’arguments à propos de l’immigration, et qui n’ont pas peur de voir leurs opinions contestées.

Polaris Rising / Aurora Blazing – Jessie Mihalik

(pas encore de traduction française) Une lecture plus légère : quand on mélange du space opera avec de la romance, que le space opera est divertissant et que la romance est plus que décente (Hrm. C’est ptêt pas le bon mot. La décence s’insurge.), j’appelle ça une victoire. Polaris Rising et Aurora Blazing sont deux romans inscrit dans le même univers, où les personnages principaux respectifs sont deux sœurs d’une des trois Grandes Maisons qui dirigent essentiellement l’univers. Y’a pas mal d’action – c’est même parfois un peu trop rapide à mon goût -, des personnages sympas, une bonne construction d’un univers plutôt crédible. Et puis, bon, des princesses qui roxxent, en gros. Globalement, du très bon divertissement – et je suis une grande fan de très bon divertissement.

Recommandé pour : les fans de très bon divertissement, de space opera, et de princesses qui roxxent.

Comme un roman – Daniel Pennac

Je suis tombée sur Comme un roman dans la bibliothèque de la maman de mon mari, j’ai fait « haaan, un Pennac que j’ai pas lu », et je l’ai lu sur le temps de Noël. C’est une collection de quatre essais – qui en forment un long, en fait – à propos de lecture et de lecteurs. Ça commence par l’apprentissage de la lecture par les enfants, ça continue par les adolescents qui apprennent la littérature, les profs qui enseignent et transmettent leur amour de la lecture, et ça se termine par un manifeste du lecteur général.

J’ai franchement adoré – Pennac est un de mes auteurs français préférés, son écriture tape toujours très juste pour moi, et son Comme un roman est un bonbon de lecteur.

Recommandé pour : tous ceux qui apprécient l’aspect « méta » de la lecture.

Everything I Never Told You – Celeste Ng

(Tout ce qu’on ne s’est jamais dit, en français) J’ai commencé l’année avec une des lectures les plus déprimantes de ces derniers mois, peut-être même de ces dernières années. Everything I Never Told You commence par la mort de Lydia, 16 ans – et raconte ensuite toute l’histoire de la famille avant, et directement après, cet événement tragique : son père, sa mère, son grand frère, sa petite sœur… et Lydia elle-même. Au fur et à mesure qu’on en apprend plus sur la dynamique de la famille, on commence aussi à comprendre ce qu’il s’est passé la nuit où tout a basculé. « Tragique » s’applique probablement à l’ensemble complet de tout ce qui s’est passé – ce qui rend probablement ce roman si difficile. Il y aurait suffisamment de faiblesses de caractère dans les personnages pour les rendre difficiles à comprendre, mais je me suis trouvée ressentir de l’empathie pour chacun d’entre eux, ce qui fait d’Everything I Never Told You un ascenseur émotionnel plus que rapide. J’ai donc plutôt du mal à dire si j’ai même aimé ce bouquin. Il est objectivement superbe, mais je ne me vois pas être capable de le relire. Je crois cependant que je veux lire plus de ce que Celeste Ng a écrit, ce qui est probablement un signe que j’ai bien aimé 🙂

Recommandé pour : les amateurs d’émotions fortes, les amateurs de tragédies et/ou d’histoires familiales.

#balisebooks printanier

Le temps passe et moi je bouquine. Je crois que j’ai un record de nombre de bouquins sur un seul billet, mais à ma décharge y’en a quelques uns qui sont vraiment vraiment très courts.

Storm Born et Thorn Queen (Fille de l’orage et Reine des Ronces, en français) – Richelle Mead – le début d’une série (Dark Swan) qui met en scène Eugenie Markham, chaman de son état, et essentiellement ghostbuster de métier (bon, ne pinaillons pas, elle renvoie les esprits chafouins dans les dimensions où ils appartiennent). J’étais pas spécialement tentée par le concept original de l’histoire (chamane, mouif, je sais pas), mais en fait c’est pas mal. Bon, y’a beaucoup de scènes adultes – plus, j’ai l’impression, que dans ce pan de littérature en général – y compris que dans les Georgina Kincaid de la même auteur qui met en scène une succube, ce qui est un comble ! Y’a aussi des scènes/événements très dérangeants dans le deuxième tome. Je crois que je vais continuer à lire la série tout de même, parce que c’est toujours pareil ces machins, j’aime bien savoir la suite 😛

Use of Weapons (L’Usage des armes, en français) – Iain M. Banks – le troisième tome du cycle de la Culture. Un bouquin un peu bordélique qui entrelace deux flux temporels. Dans le premier, chronologique, Diziet Sma et Skaffen-Amtiskaw tentent de re-recruter Cheradenine Zakalwe pour une nouvelle mission. Zakalwe, son truc, c’est de gagner des guerres. Dans le second flux, anti-chronologique, on explore le passé de Zakalwe. Je crois que ça fait partie de ces bouquins qui sont objectivement très bons, mais sur lesquels j’accroche pas pour une raison inconnue (qui peut être aussi simple que « j’ai pas lu ça au bon moment avec suffisamment de neurones en route », hein).

Timeline (Prisonniers du temps, en français) – Michael Crichton – bon celui-là par contre il m’est très clair qu’il est évitable. C’est l’histoire d’une bande d’historiens qui se retrouvent envoyés dans le passé (sauf que c’est pas vraiment le passé mais en fait si mais c’est compliqué) dans un site archéologique en Dordogne. Y’a de bonnes choses – tout le contexte historique est chouette. Mais les personnages sont interchangeables et le tout m’a laissé une impression d’ennui. Sur le même thème, Connie Willis a fait de bien meilleures choses…

En souvenir d’André – Martin Winckler – un roman plutôt court où le narrateur explique son parcours en tant qu’un des premiers médecins à assister les gens qui souhaitent mourir, d’abord clandestinement. Évidemment pas très gai, évidemment politiquement chargé… évidemment bien écrit. Plutôt dans les « à lire », celui-là.

Etched in Bone (pas encore de traduction française) – Anne Bishop – le dernier tome de la série The Others. Une conclusion correcte – bien qu’assez plan-plan, probablement, à une série que j’ai vraiment bien aimée.

Six Wakes (pas encore de traduction française) – Mur Lafferty – alors celui-là, il est tombé sur ma Pile À Lire par le biais d’un article de l’auteur sur le blog de Scalzi (en anglais). L’idée, c’est un huis-clos dans l’espace avec des clones. Six personnes se réveillent dans un vaisseau spatial avec les corps de leurs anciens clones qui flottent autour. C’est assez peu choupi, mais surtout – que s’est-il passé ? C’est comme ça que le bouquin commence ; il y a une bonne quantité de background sur le développement des clones, et de manière générale c’est wachement bien. Un vague feeling « Hyperion », aussi (c’est une bonne chose, en ce qui me concerne).

An Astronaut’s Guide to Life on Earth (Guide d’un astronaute pour la vie sur Terre) – Chris Hadfield – une autobiographie de l’astronaute-canadien-moustachu-guitariste qui a beaucoup fait pour la promo de l’ISS et de la NASA. Une chouette lecture, peut-être en partie parce que le message « je suis un control freak et c’est comme ça que je suis DEVENU ASTRONAUTE ET C’EST GLORIEUX » tape dans mes propres goûts 😉 Dans tous les cas, c’est intéressant et souvent assez drôle.

The Collapsing Empire (pas encore de traduction française) – John Scalzi – celui-là était en pré-commande dès l’annonce de sa sortie ou presque. C’est 1/ un nouveau Scalzi 2/ le début d’une nouvelle série (The Interdependency) 3/ un bouquin qui commence par la phrase suivante : « The mutineers would have gotten away with it, too, if it weren’t for the collapse of the Flow. » (le début du bouquin est sur le site de Tor, et il continue par la description administrative d’une mutinerie). Comme l’indique le titre, le contexte, c’est un empire intergalactique qui se casse la gueule, principalement parce que le Flow qui sert à voyager d’un point A à un point B semble être vachement moins stable que ce qu’on pensait. Dans ce contexte là, on suit l’histoire de plusieurs personnages – tous plutôt chouettes dans leur genre, et décidément des personnages qu’on a envie de suivre. Un excellent début de série.

Au Bonheur des ogres, La Fée Carabine, La Petite marchande de prose, Monsieur Malaussène, Des Chrétiens et des Maures, Aux Fruits de la passion – Daniel Pennac – oui, je me suis enfilé les six Malaussène à la suite. (Non c’est pas vrai, j’ai lu le bouquin suivant de la liste au milieu, mais ça compte presque pas). Daniel Pennac a ressorti un bouquin récemment – avec, apparemment, la même clique que dans les six bouquins susnommés. Alors je les ai relus, parce que ça faisait longtemps. Benjamin Malaussène est 1/ grand frère de famille nombreuse 2/ bouc émissaire de profession et de nature. Bref, il lui arrive tout un tas d’emmerdes qui ne sont jamais de sa faute (mais il est toujours éminemment suspect aux yeux des chargés d’enquête) et généralement complètement abracadabrantesques, et c’est drôle, ça se déguste comme un bon vin, et ça se dévore très vite. (Non, c’est pas antinomique.) J’ai pas encore lu le dernier, mais en tous cas je me suis re-régalée avec ceux-là.

Wishful Drinking (pas encore de traduction française) – Carrie Fisher – un mémoire de Carrie Fisher, qu’on ne présente plus, et la princesse Leia dans Star Wars, pour ceux à qui il faut faire les présentations. Je sais pas trop quoi en penser. Elle raconte beaucoup de choses à propos de son enfance, de ses relations avec pas mal de monde, de sa relation à l’alcool et autres substances, et… et tout ça en un bouquin qui se lit en, sans exagérer, moins d’une heure. C’était pas inintéressant, mais… Je sais pas.

Wolf Moon (pas encore de traduction française) – Ian McDonald – la suite de Luna commencée avec New Moon. Çuilà m’a déçue. J’avais plutôt bien aimé le premier tome ; le deuxième tome m’a paru vachement plus poussif. Je sais pas trop pourquoi, d’ailleurs – peut-être aussi plus un problème de timing qu’autre chose – mais le fait est que je me suis un peu ennuyée. J’ai beaucoup aimé la question du retour à une gravité terrienne après avoir passé beaucoup de temps sur la Lune, cela dit.

The Sudden Appearance of Hope (La soudaine apparition de Hope Arden, en français) – Claire North – j’ai lu deux autres bouquins de Claire North – grâce à Armalite qui en a parlé au moment de les traduire – que j’ai beaucoup aimés tous les deux, et qui ont une originalité certaine. Donc j’ai attaqué celui-là en toute confiance. C’est l’histoire de Hope, qui a une particularité : les gens l’oublient sitôt qu’ils ne la voient plus pendant quelques minutes ; et Hope grâce à son « don » est une voleuse de premier ordre. Hope aime aussi faire des listes de faits divers et généralement variés, habituellement chiffrées. Et dans le monde de Hope, il existe aussi une app, Perfection, qui « conseille » la vie des gens pour les mener à la « perfection » – et Hope a un compte à régler avec Perfection. De bons ingrédients pour un roman prenant avec des questions intéressantes sur l’identité.

S’il ne fallait en lire qu’un… hrmpf, j’hésite entre Six Wakes, The Collapsing Empire, et The Sudden Appearance of Hope. Allez, on va dire The Sudden Appearance of Hope. Mais ptêt juste parce que The Collapsing Empire, ben c’est le début d’une série, et qu’il faudra bien lire ce tome-là pour lire le tome 2, duh.