19h30, sortie de la FNAC.
19h40, arrivée sur le quai du RER, cogitation intense parmi les 6 bouquins que je viens d’acheter pour le challenge.
19h41, j’attrape Nouvelles sous ecstasy, de Frédéric Beigbeder. J’avais jamais lu de Beigbeder. Regardant assez peu la télé, j’avais assez peu d’opinion sur ce type, à part la vague impression quand même d’une certaine omniprésence agaçante sur les ondes. Du coup, j’avais jamais sauté le pas d’ouvrir un de ses bouquins, probablement un peu par réaction, et finalement le challenge ABC m’a permis de faire ma culture.
20h00 : sur ces réflexions, j’arrive sur le quai d’Orsay, j’ai déjà fini le bouquin. Bon, un bouquin de 85 pages hors préface et avertissement, c’est pas vraiment étonnant non plus 🙂 Avis général sur le recueil : ya de très bonnes choses, mais globalement… j’ai du mal tout de même.
Allez, petite critique nouvelle par nouvelle
- Spleen à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle : pour une ouverture de recueil, c’est un peu le plongeon. Une nouvelle toute en questions, une ambiance délirante au début, mélancolique à la fin… pas ma préférée, mais un style sympa.
- Un texte démodé : j’ai pas bien compris là où il venait en venir, mais j’ai bien aimé « Peut-on penser comme Baudelaire avec les mots de Bukowski ? ». Et, globalement, c’est un peu l’idée que m’a laissée ce recueil : quelques vraies perles, drôles et bien vues, au milieu de… de on sait pas trop quoi.
- Le jour où j’ai plu aux filles : fait justement partie des vraies perles. Pareil, je me suis d’abord demandée où il voulait en venir, à part à faire du porno gratos (pourquoi pas, hein), mais les deux derniers paragraphes sont superbes 🙂
- La première gorgée d’ecstasy : ou comment raconter un trip à l’ecsta et la redescente. Beaucoup aimé « Je suis Wolfgang Amade-House » et « Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour entrer dans le Lagarde et Michard » 🙂
- Manuscrit trouvé à Saint-Germain-des-Près : celle-ci raconte la « chute du mur de Saint-Germain » (avec en gros les riches dedans et les autres dehors) et m’a laissée très mal à l’aise, je sais pas trop pourquoi. Probablement un contrecoup des élections, faudra que je la relise.
- Le cafard après la fête : vois pas l’intérêt.
- L’homme qui regardait les femmes, 1 : vais plus oser me mettre en maillot de bain à la plage moi. En même temps, j’ai plus 16 ans.
- Comment devenir quelqu’un : c’est l’histoire d’un chauffeur qui décide d’avoir son quart d’heure de célébrité. Là encore, les 15 dernières lignes sont terribles. C’est ma préférée d bouquin.
- Le Plus Grand Écrivain Français Vivant : c’est l’histoire d’un mec qui se bourre la gueule et à la fin on apprend pas qui c’est. Soit.
- La nouvelle la plus dégueulasse de ce recueil : la provoque pour la provoque, clairement. Mais une réflexion intéressante sur « que sommes-nous prêts à faire par amour », et jusqu’où peut-on aller. Gore, mais intéressant, on va dire. Et on y apprend que « le point-virgule est une chose très érotique ».
- L’homme qui regardait les femmes, 2 : j’aime bien les références à Hitchcock et à Jane Birkin, j’ai du mal avec la ponctuation deux-pointistes.
- Extasy à Go-Go : c’est plutôt celui-ci à mon avis qui aurait mérité le titre de la « nouvelle la plus dégueulasse de ce recueuil ». Balade en Thaïlande avec tous les poncifs du genre… J’avoue, je suis jamais allée en Thaïlande. J’ai quand même du mal à croire que ça ne soit qu’« un bordel géant qui porte le nom de Thaïlande ». Dans le contexte d’un bordel « normal » (où on nous répète pas toutes les trois lignes que « c’est comme ça en Thaïlande mon brave monsieur ») la nouvelle m’aurait probablement moins dérangée. Mais elle aurait probablement loupé son but aussi, du coup 🙂
- La première nouvelle d’« Easy Reading » : ça sent la tentative de nouvelle à chute, mais à chute ratée. Dommage.
- La solitude à plusieurs : une dernière nouvelle un peu déprimante pour finir le recueil. « Le célibataire fait plus envie que pitié, sauf aux hommes mariés qui l’imaginent libre alors qu’il n’est que désespéré. dieu sait qu’il faut être désespéré pour manger un Happy Meal le dimanche soir devant sa télé, surtout depuis qu’Anne Sinclair a été remplacée par Michel Drucker ».
Voilà. Bon, je ne regrette pas l’expérience. J’avoue même m’être bien marrée à certains passages. Savoir si j’en relirai… rien de moins sûr. La provoque gratuite, ça va bien 5 minutes, après ça énerve.